Wolfsmund est un manga tout à fait étonnant : passée son introduction laissant présager une histoire classique d'heroïc fantasy, avec son traditionnel mouvement de rébellion et sa princesse en fuite, l'intrigue prend une direction totalement imprévisible... Car, sans trop en dire, le « héros » de Wolfsmund est en fait un passage obligé, une forteresse ancrée dans un col traversant un rempart de montagnes imposant aux voyageurs de montrer patte blanche avant de le franchir. Son gardien, un seigneur d'aspect jovial mais d'une cruauté sans limite, joue un rôle de cerbère en examinant un à un ses visiteurs, dans une suite de sketches présentant des histoires indépendantes.
Tout aussi étonnant : Wolfsmund n'appartient pas au genre de l' heroïc fantasy fantastique généralement exploité dans les mangas ( Berserk, Lodoss, Übel Blatt...) mais à son pendant médiéval réaliste, beaucoup plus rare. L'auteur fait d'ailleurs un choix audacieux en situant son contexte dans la Suisse moyenâgeuse, et fait preuve d'une étonnante connaissance de son histoire médiévale. Autre surprise : décidé à prendre le lecteur à contre-pied, Mitsuhika Kuji utilise un trait simple, presque enfantin qui n'est pas sans rappeler celui d' Osamu Tezuka (toutes proportions gardées) et n'hésite pas, tout comme lui, à mettre en scène des scènes assez dures et cruelles contrastant avec des dessins à la naïveté assumée. Original, voire même déstabilisant, Wolfsmund mérite indéniablement le détour. À vous de vous faire une idée.
Florent M. 06/05/2012
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