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Album
Dona Vicenta Gabriela de Rockha l'aïeule
Série : La Caste des Méta-barons    Album précédent tome 6  Album suivant

Scénario : Alexandro JODOROWSKY
Dessins : Juan GIMENEZ
Couleurs : Juan GIMENEZ

Humanoïdes Associés (Les) , septembre 1999
 
Cartonné
Format 320 x 240
64  pages  Couleurs
ISBN 2-7316-1267-3
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Quatrième de couverture
     — C'est une histoire qui parle du Méta-Baron, mon maître !...
     — Ah, Tonto, le Méta-Baron, c'est le plus sauvagement imprévisible de tous. C'est le plus grand, le Méta-guerrier !...
     — ...une longue histoire, Lothar, qui remonte à Othon le trisaïeul et se poursuit sur toute la lignée. Je vais te conter les origines de la Caste des Méta-Barons...
 
Critiques
     Le désir incestueux de Nicanor Rosamel de Rokha, chef des troglosocialiks de la planète Filodendra, pour sa fille Vicenta Gabriela pousse celle-ci à s'automutiler en s'arrachant les globes oculaires — une scène déconseillée aux âmes sensibles... Cette manœuvre assez radicale lui permet d'obtenir la main de Melmoth, élevé au rang de Méta-baron. Malheureusement, l'entité nommée Melmoth, association schizophrénique du guerrier Tête d'Acier et du poète Krleza, accepte assez difficilement le nouveau visage de sa bien-aimée — ce dont le lecteur ne saurait le blâmer...

     La Caste des Méta-barons est une série à part, qui fascine tout autant qu'elle peut entraîner une réaction de rejet. Apologie du surhomme et de la guerre, glorification de la souffrance comme moyen d'apprentissage, machisme érigé en dogme inébranlable, les Méta-barons appliquent à la lettre le nietzschéen « tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Une idéologie que l'on pourra trouver douteuse, d'autant plus que l'éventuel second degré n'est pas aussi évident que dans d'autres séries.

     Dès lors, comment expliquer le succès des Méta-barons ? Tout d'abord la série bénéficie de l'univers complexe que Jodorowski a développé au fil des différentes séries dérivées de l'Incal, étoffant peu à peu le contexte social, politique et religieux. D'autre part, l'inventivité et la surenchère permanente confèrent une force indéniable à cette monumentale saga. Tirant le thème du cyborg jusqu'à ses extrêmes limites — tout dans l'humain est remplaçable, y compris la tête comme on le constatera dans ce sixième album — les auteurs enchaînent d'atroces scènes de mutilations et de combats, laissant le lecteur seul face à cette morbidité et à cette violence pour l'obliger sans doute à s'interroger sur ses propres pulsions. Les Méta-barons sont-ils fous ou inhumains ? La définition de l'humanité est justement l'une des questions fondamentales posées par le récit et il suffit de regarder l'actualité pour relativiser la violence de ces guerriers ultimes.

     L'ambiguïté est évidemment dérangeante, mais elle fait tout l'intérêt de cette fresque hors norme. D'autres points sont nettement plus agaçants, en particulier le narrateur, un robot nommé Tonto qui, en compagnie de son collègue Lothar, assure la garde du méta-bunker au fil des siècles. Peut-être conçues pour désamorcer la tension provoquée par les drames abominables qui nous sont contés, les interruptions incessantes de ce chœur de robots d'une curieuse trivialité sont insupportables. La note humoristique devient rapidement répétitive, autant que le jargon « robotique » qu'est l'utilisation simpliste de néologismes invariablement formés par l'ajout d'une poignée de préfixes comme « bio », « méca » « homéo » et « paléo ». Ponctué de « biomerde », de « bioputain » et de « paléochrist », le discours ne relève hélas pas d'une création linguistique suffisamment fouillée pour être intéressante en soi, et la lecture de quelques sentences définitives comme « le bonheur est une paléoaspirine pour les biomédiocres » a de quoi lasser les plus persévérants. Avec un certain soulagement, on assiste dans cet épisode au retour du Méta-baron bien décidé à détruire le méta-bunker afin d'effacer toute trace de son passé — y compris les deux robots — mais le soulagement n'est que de courte durée puisqu'au mépris de leur programmation les mécacomparses s'en sortiront sous une pluie parfaitement ridicule d'œufs de ptérodactyles.

     On le voit, les sentiments à la lecture sont assez mitigés, même s'il est indubitable que le dessin de Gimenez aide considérablement à passer sur ces réticences.
     Apprécierez-vous ou pas ? Difficile de le savoir sans essayer. En tout cas, que l'on adore ou que l'on déteste, nul ne sera indifférent.

Pascal Patoz          
nooSFere          
01/03/2002          


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