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Une nuit à la lueur d'un feu, le mercenaire raconte quelques-unes de ses incroyables aventures (réelles ou imaginaires ?):
- Une halte en chemin, où il affronte un géant et son dragon, avec l'incursion d'un vaisseau spatial...
- Les trois voeux, où il parvient à se débarasser d'un génie encombrant...
- Endora, où il doit descendre aux enfers pour annuler le maléfice qui affecte une princesse...
- Le faux bourdon, où il apprend que le sexe faible ne l'est pas toujours…
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Vicente Segrelles semble être davantage un peintre, un illustrateur inspiré de fantasy dans la lignée de Frazetta ou de Boris, qu'un dessinateur de BD. Chaque vignette est ainsi un véritable tableau, merveilleux exemple de l'hyper-réalisme fantastique, où l'on admire autant la finesse du trait qu'une remarquable maîtrise de la couleur.
Cette impression de peinture est renforcé par l'absence des codes graphiques de la BD, d'où l'absence totale de mouvement, et par le fait que l'auteur ne prend aucune liberté dans sa mise en page ou dans ses cadrages. Les rares onomatopées, se détachant en grosses lettres blanches, paraissent d'ailleurs un peu incongrues, et renforcent l'impression d'étrangeté, de même que les bulles rigides et non entourées du traditionnel liseré noir.
C'est donc avec l'impression d'aborder un recueil d'images que l'on ouvre cet album, et l'on est surpris d'oublier très vite cette première impression à la lecture... Car le texte est habile et vivant, drôle et inventif, et au bout de quelques pages, on éprouve tout-à-fait la sensation de lire une BD et non une simple suite d'illustrations...
Dans ce dixième album, quatre histoires nous sont contées, histoires malicieuses dans lesquelles Segrelles revisite des classiques en y apportant une chute drôle et inattendue ou en nous offrant de somptueuses scènes mêlant de fantastiques décors, de belles dénudées, et d'immondes créatures démoniaques...
Au plaisir des yeux, pour qui apprécie l'imagerie superbe mais habituellement manichéenne, sexiste et naïve de la fantasy, se mêle donc celui de lire un texte plus ironique et subtil, où le plus méchant n'est pas toujours celui qu'on croit, et où les femmes ne sont pas toujours aussi soumises qu'elles le paraissent…
Pascal Patoz nooSFere
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