«  Le Mercenaire a découvert l'existence d'un monde parallèle très semblable à la Terre qu'il vient frôler tous les trois ans mais qui reste invisible parce que situé dans une autre dimension. La civilisation qui habite sur cette planète et qui s'appelle Geos, est en avance de quelques mille ans par rapport à celle qui existe sur la Terre.

     Dans les temps anciens, et grâce à l'apparition de la lumière verte, on pouvait passer d'une planète à l'autre, ce que firent en leur temps des êtres mythologiques, les Atlantes, des sectes religieuses, etc. Mais maintenant, la lumière désintègre tout ce qu'elle touche.

     Le Mercenaire, par hasard, parce qu'il porte une armure complète de fer souple et qu'il a été en contact avec une sphère noire (résidu cosmique très dense et très radioactif) a réussi à passer dans l'autre dimension et est arrivé à Geos. « 

     Le texte ci-dessus, extrait d'un long résumé placé en regard de la première planche, donne un aperçu de la complexité de l'univers progressivement mis en place par Vincente Segrelles tout au long de cette étonnante saga. Les thèmes de la fantasy ont rejoint ceux de la science-fiction  : la planète Geos est un monde technologiquement avancé mais qui a été victime d'un cataclysme. Ses ruines monumentales contiennent divers appareils et vaisseaux en état de marche, ce qui donne à l'album une ambiance proche d'un jeu vidéo de type Myst. Plusieurs peuples ont survécu sur cette étrange planète, dont les descendants d'êtres mythologiques – démons, tritons, cyclopes... – , ainsi que les Acuos, une race d'humanoïdes aquatiques que les précédents considèrent comme des esclaves et des animaux comestibles. Le Mercenaire va tenter de ramener les Acuos sur la Terre... Mais comment empêcher leur désintégration lors du passage  ?

     Un scénario bien ficelé et riche en péripéties dans un univers complexe et original : voilà déjà de quoi satisfaire le lecteur. Mais quand le récit est en outre illustré par les magnifiques peintures hyperréalistes de Segrelles, la satisfaction devient de l'enthousiasme. Comme d'habitude chaque planche est superbe, avec une imagerie extraordinaire, qu'il s'agisse des décors fantastiques ou des diverses créatures qui peuplent cet univers  : monstres aquatiques servant de sous-marins, chevaux ailés, tritons en armure d'or... Le sens du merveilleux emplit chaque case, faisant rapidement oublier l'apparente froideur du dessin.

     L'œuvre de Segrelles ne ressemble décidément à aucune autre et elle occupe une place à part dans la bande dessinée. A découvrir rapidement pour ceux qui ne connaissent pas encore.