Suite à l'explosion des cuves de la secte de l'Eglise Universelle, une nappe de nanomachines recouvre le terrain, avançant inexorablement de deux mètres par jour, dévorant toutes les molécules vivantes rencontrées pour assurer son propre développement. Rien ne peut arrêter cette nappe argentée qui semble mue par une intelligence étrangère. Pendant ce temps, Roxanne continue de s'interroger sur la nature du bébé qu'elle porte. Pourquoi semble-t-il réagir à la présence de l'agent Fisher, que même les métacréatures « terminatoroïdes » fuient ?
Ce cinquième album est dans la droite ligne des précédents (voir les critiques des troisième et quatrième tomes). L'ambiance de ce parano-thriller scientifique où abondent nanotechnologies et androïdes est finalement très proche du fantastique — de même que les X-files oscillent sans cesse entre SF et fantastique — : les « entités » qui mènent le bal ont une aura démoniaque et la façon dont il est prévu de lutter contre la nappe de nanotechs n'est pas vraiment explicitée de manière scientifique. L'idée de cette nappe qui progresse lentement sans que rien ne puisse l'arrêter est pourtant une magnifique idée de SF, que l'on retrouve dans Tendeleo, une excellente nouvelle de Ian McDonald (dans Faux rêveur, Bragelonne). On peut trouver dommage qu'Ange n'ait pas cherché à l'exploiter davantage, aussi bien sur le plan spectaculaire — comme le suggère l'un des personnages, elle pourrait envahir une ville — que sur le plan métaphorique. Mais les auteurs ont préféré privilégier le rythme du récit, toujours très dynamique et efficace, et c'est un choix dont on ne peut leur tenir rigueur : Némésis est une série à grand spectacle remarquablement menée et, à condition d'accepter les références assumées à X-files et à un certain nombre de films, le lecteur ne peut que marcher à fond.
Pascal Patoz nooSFere 28/07/2003
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