Suite de nos limiers du FBI qui, dans les trois premiers albums, ont affronté de terrifiantes créatures biomécaniques, dans une ambiance digne des X-files. Fischer est à peine remis du traumatisme – il sort d'un hôpital psychiatrique et a encore quelques hallucinations intermittentes – qu'il va devoir remettre ça. Le sang gicle dès la première planche et il ne faudra pas attendre longtemps pour qu'une « métacréature » faite de métal liquide – évoquant le robot de Terminator 2 – vienne semer la terreur dans les locaux mêmes du FBI.
La précision et l'efficacité sont encore au rendez-vous dans ce quatrième volume : Némésis est un thriller à la mécanique parfaitement huilée et dont le rythme s'accélère sans cesse. Peu importe qu'il paraisse peu vraisemblable que les deux agents aillent seuls saccager le repaire d'une secte, nous sommes ici dans la logique du récit : on passe sans complexe du polar science-fictif au western musclé.
Evidemment, les allergiques aux films d'action hollywoodiens et aux séries télés paranoïaques devront passer leur chemin s'ils ne veulent pas être affectés d'une violente réaction urticarienne. En revanche, les amateurs du genre seront dans leur élément. Némésis est palpitant : les scènes impressionnantes s'y succèdent rapidement, mais elles laissent parfois la place à des moments plus intimistes qui confèrent aux personnages une plus grande humanité. Une énigme demeure irrésolue : pourquoi Fischer semble-t-il inspirer de la crainte aux créatures de métal ?
On remarquera l'habileté avec laquelle Janolle met en image ce scénario inquiétant. Il concilie parfaitement la lisibilité et la noirceur de l'ambiance. Sa mise en page est très dynamique et il réussit à ménager le suspense quant à la nature de « l'homme » qui tire les ficelles de l'aventure, grâce à d'habiles cadrages qui masquent la réalité.
Ultime clin d'œil paranoïaque, la belle Roxanne, l'agent de la CIA enceinte au début de l'album, se retrouve à la dernière case en train de s'interroger sur la nature de son bébé, comme avant elle la Rosemary d'Ira Levin – ou de Polansky — , la Ripley d'Alien ou encore Dana Scully. Encore de quoi frissonner au prochain épisode !
Pascal Patoz nooSFere 15/02/2002
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