Née au Laos, Blade a grandi dans les camps de l'ONU avant d'être vendue comme esclave à Hong Kong. Rachetée par Dame Licorne, chef toute puissante de la triade 14K, la jeune fille va devoir faire ses preuves. A peine engagée, elle assiste à un attentat contre son nouvel employeur, un acte qui menace de rompre le fragile équilibre d'une Chine éclatée et divisée. Blade n'est alors qu'une adolescente à l'apparence fragile, pas encore l'implacable guerrière samouraï découverte dans l'affaire Zentak...

     Blade, c'est cette jeune femme guerrière que nous avons rencontrée dans la série Zentak, série terminée faute de combattants. Nous la retrouvons ici quelques années plus tôt, au sortir de l'enfance. Elle n'est alors qu'une esclave dont la rage a été remarquée par le recruteur d'une triade : elle sera probablement utile dans une quelconque mission, où elle aura toute chance de périr...

     Mais Blade est déjà un petit fauve et elle tue le « patrouilleur du vent », premier lieutenant de la triade. Pour le remplacer, on fait appel à un blanc, Samuel Monk... Cet étranger a été choisi car une taupe s'est infiltrée dans la triade de la Licorne  : Samuel a pour tâche de la démasquer.

     Mafias chinoises et espionnage, le cocktail est classique mais souvent efficace. Little Blade en est une nouvelle démonstration.

     Si l'intrigue, mêlant traîtrises et manipulations, n'est pas d'une grande originalité, elle fonctionne parfaitement. De plus, Pécau donne au récit une force réelle en exploitant judicieusement l'aspect « exotique  » de l'Orient – l'argot  poétique des triades, la culture d'une civilisation millénaire, les symboles de la mythologie chinoise... – , en donnant une véritable épaisseur aux personnages – en particulier à Samuel Monk, dont le parcours est intrigant –, et enfin en y ajoutant des éléments science-fictifs à la fois géopolitiques – la Chine a été en partie ravagée par une guerre nucléaire – et technologiques – drones, programmes d'entraînement virtuel au combat, etc.

     Le dessin de Def conserve l'aspect un peu figé que nous avions déjà remarqué dans Zentak, mais si les scènes d'action perdent un peu en efficacité, ce graphisme reflète bien l'aspect glacial de cette tragédie moderne  : les personnages gardent leur masque impassible, car toute émotion peut être mortelle.

     Cet aspect est également mis en valeurs par les teintes sombres choisies par Hubert  : tout se déroule dans l'ombre, sous les lumières des néons ou sous le voile de pluies polluées...

     Les amateurs de polars noirs, de romans d'espionnage retors et d'anticipations sombres seront donc comblés par cette nouvelle série prometteuse. Il ne reste plus qu'à attendre la suite...