Dix ans se sont écoulés depuis que l'on a quitté Albrecht le gobelin, Mangog le troll et leur fille Larve. La fillette a grandit et on la retrouve, pour ce second tome, en pleine crise d'ado, amoureuse, colérique, capricieuse... Alors nos deux papas culpabilisent et, pour l'exemple et l'édification de leur gamine, décident de trouver un emploi. S'ensuit un exil qui n'est guère du goût de Larve et qui mène le trio jusqu'au célèbre Donjon du Dragon Poussif. Là, ils auront à charge de garder la clé de la 37ème salle. Un vrai job de monstre. Une sinécure ! Ajoutez à cela qu'Akka-le-sans-nez, non content d'être l'amoureux de Larve, a décidé de voler le trésor du dragon, et que dans les marais paludéens, l'infâme Esculape le Glaireux ourdit une vengeance démoniaque, et vous saurez à quelle sauce le trio Morvan (encore !)/Sfar/Boiscomun compte vous manger.

     Troll est une série savoureuse qui saura plaire aux petits et aux grands enfants. Il est vrai que le duo qui signe le scénario a déjà, malgré son jeune âge, de sérieuses références. Morvan a commencé sa carrière de scénariste avec des séries et des albums qui ne sont pas passés inaperçus (Nomad, Reflets Perdus, Hordes...) alors que Sfar s'impose comme un des scénaristes en forme du moment. Récompensé à Angoulême avec La fille du professeur (dessiné par Guibert) Prix René Goscinny du meilleur scénario, il multiplie les collaborations (Les Potamoks avec Luis Muftera, Donjon avec Trondheim, Petrus Barbygère qu'il dessine sur un scénario de Dubois, etc.), tout en collaborant régulièrement à la revue Lapin qui l'a vu débuter. À ce duo vient s'ajouter le pinceau élégant de Boiscommun. Si ce dernier n'est pas tout à fait un débutant (il a usé ses jeans sur les bancs de l'école de dessin animé des Gobelins à Paris et sur ceux de l'école de BD d'Angoulême), il réalise cependant avec Troll sa première série. L'osmose avec le scénario est parfaite. Le traitement se rapproche souvent du dessin animé, ou de certaines illustrations de la littérature enfantine et impose un second degré qui est tout à fait dans le ton du récit. Pour le moment, cette série est une réussite. Les trois auteurs ayant su éviter le piège d'un pastiche lourdingue du jeu de rôle pour créer un univers plein d'humour et de poésie.