Le prince Erkor, forcément beau et noble, est dépossédé de son trône par son oncle, forcément félon. Ses amis, son fils et sa femme ont été massacrés, mais – sans doute en proie à l'un de ces invraisemblables remords qui afflige souvent le traître au moment de la victoire – le tonton l'épargne, préférant curieusement une méthode moins expéditive. Le prince se voit ainsi jeté dans une vallée où il est théoriquement condamné à mourir en quelques heures... Erkor va s'en sortir – forcément – et va même se faire des amis : une guerrière, forcément sexy, et un apprenti moine-magicien, maladroit mais forcément plein de ressources. Ensemble, ils vont lever une armée de mercenaires en un temps record. A ce rythme, la reconquête du trône ne devrait poser aucun problème.
Même sans chercher à tout prix l'originalité, la difficulté pour une nième série de fantasy mettant en scène une nième quête dans un nième décor pseudo médiéval est d'affirmer son identité, de trouver le détail, le personnage ou l'astuce narrative qui marqueront le lecteur et qui feront la différence. Malheureusement, ni l'intrigue ni les protagonistes de ce premier album ne se démarquent en aucune façon du produit de base : rien de très nouveau ni de très excitant dans ce récit d'usurpation et de vengeance. Ange ne semble d'ailleurs pas se passionner pour son récit, mené sans fougue ni conviction. On l'a connu plus inspiré dans Némésis, où l'intrigue suivait là aussi des schémas classiques (tendance X-files), mais avec dynamisme et efficacité. Ou, en tant que romancier, dans le sympathique Œil des dieux paru aux éditions Mango Jeunesse. Dans La cicatrice du souvenir, les auteurs ne semblent même pas chercher à donner une consistance à leurs personnages pour les rendre sympathiques ou attachants. Peut-être aura-t-on quelques surprises en chemin ? En tout cas, ce premier tome n'éveille guère la curiosité.
Le dessin de Christian Paty, auteur de l'Angéolende, une série débutée chez Vents d'Ouest, dont le premier album souffrait déjà d'un scénario trop léger, est assez irrégulier mais dans l'ensemble agréable. L'ouvrage se parcourt donc sans déplaisir même s'il se laisse oublier aussi facilement qu'il se lit. Espérons que le récit gagne en intensité dans les prochains volumes...
Pascal Patoz nooSFere 17/06/2001
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