Quatrième et avant-dernier tome de la série, Protocole Oslo est aussi rythmé et efficace que les précédents volumes, tout en nous apportant un bon nombre d'informations sur les forces en présence. Nous connaissions déjà les deux trusts agroalimentaires que sont la Transgenic et Baxter & Martin. Cette fois, c'est la créature virtuelle qui leur a servi d'instrument – mais qui tire en fait les ficelles – que nous allons mieux découvrir au cours d'une fameuse prise d'otages en plein espace. A cette occasion, Duval introduit le concept de « cybernation », c'est à dire la possibilité de cryogéniser les corps pendant que les esprits continuent à contrôler leurs intérêts par le biais du réseau.
Les qualités de la série sont nombreuses. Ce thriller aussi vif que passionnant, où l'action n'empêche pas l'intelligence et réciproquement, séduira autant les amateurs d'aventures et de combats que le lecteur de SF exigeante. Mêlant brillamment anticipation politico-sociale, cyberpunk, nanotechnologies, space opera... Duval obtient un cocktail très tonique, qu'il adoucit par des personnages particulièrement attachants. Si Travis demeure le héros central, les protagonistes importants sont suffisamment nombreux, variés et complémentaires pour que nous échappions au cliché du sauveur solitaire. Nous échappons aussi au manichéisme trop souvent de mise : certains des personnages changent de camp ou hésitent sur la conduite à tenir, tandis que le véritable méchant semble lui-même animé par des volontés contradictoires...
Dense et solide, le scénario n'a donc rien à envier aux meilleurs romans du genre. Mais le dessin n'est pas en reste : clair, lumineux, dynamique, il confère à l'album un punch soutenu tout en brossant une galerie de personnages particulièrement réussis.
Comme pour le cinéma, la bande dessinée à grand spectacle fait du bien quand elle sait aussi être intelligente et inventive. Travis est l'une des séries qui devraient être indispensables à tout amateur de SF.
Pascal Patoz nooSFere 17/06/2001
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