Les Ostings sont une famille de squelette qui habitent un paisible manoir où ils s'ennuient pour l'éternité. Un jour, une petite maison surgit de nulle part, avec à son bord la famille des Zintrux...
La collection Jeunesse de chez Delcourt regorge de trésors d'inventivité graphique et cet album en témoigne une nouvelle fois. Le dessin de Vincent Sardon joue avec les motifs géométriques et méprise les perspectives pour former d'étonnantes et attrayantes compositions vives et colorées (voir planche).
En revanche, bien qu'amusant, le scénario d'Anne Baraou est un peu dérangeant, en raison d'une morale ambiguë : quand vos voisins sont bruyants et envahissants, lorsqu'ils sont trop « différents », la solution n'est pas de trouver un compromis, mais simplement de les effacer, de les faire disparaître. Ajoutons à cela que les Zintrux sont des gens simples et mesquins, donnant une idée négative de la « populace » par comparaison aux nobles que semblent être les Ostings.
L'absence de critique apparente de cette « suppression » de voisins est donc assez gênante – même sans vouloir aller chercher la petite bête. Certes les Zintrux sont irréels, certes les Ostings sont des morts — à ce titre ils n'ont pas forcément à se montrer « humains » — mais l'album s'adressant à des enfants, il sera souhaitable d'en profiter pour amener les jeunes lecteurs à réfléchir sur ce que ce récit peut impliquer.
Pascal Patoz nooSFere 17/06/2001
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