En 2060, Mégapolis est dirigée par les trois « sages », un détestable triumvirat : le boucher, un tueur sanguinaire, le psychopathe, qui s'amuse à torturer des enfants, et la jolie Mygale, qui livre ses amants d'un jour à ses infernales araignées. La population subit les exactions de ces despotes. Chacun pense comme Nicolas Polstar : « Je ne suis pas un héros ». Le confort incite à la lâcheté, à l'égoisme. Mais chacun rêve aussi aux exploits du Mérou, un justicier qui s'oppose aux tyrans et qui ramène l'espoir d'un monde meilleur. La vie de Polstar va cependant basculer à cause d'un ordinateur. Sa femme et son fils sont assassinés, de même que sa... « maman ». Quelque chose se brise en lui et soudain la haine l'envahit. Il n'a plus qu'une obsession : tuer le Mérou qu'il croit responsable de ces meurtres.
La violence du scénario surprendra plus d'un lecteur, d'autant plus qu'il est illustré par un dessin à ligne claire et « gros nez » que l'on attend davantage dans une BD comique et enfantine. Si Polstar a une bonne bouille bien sympathique, il ne faut pas se fier aux apparences. Le petit bonhomme se transforme en une véritable machine à tuer, car il n'a plus rien à perdre. Il va devenir le grain de sable qui enraye la mécanique, l'élément de chaos qui va échapper à tout contrôle et surgir quand on s'y attend le moins.
Présentée comme une « BD trash », une « série d'anticipation gore », Polstar ne fait pas dans la dentelle. L'action, menée à cent à l'heure, est d'une efficacité redoutable et fait rapidement oublier la naïveté du trait, d'autant plus que le dessinateur a un sens du cadrage et du mouvement qui renforcent l'impression d'un rythme effréné.
Bref, malgré le contraste un peu déroutant entre l'histoire et le graphisme, voilà une BD à recommander vivement à tous les amateurs d'action.
Pascal Patoz nooSFere 02/10/2001
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