Dans un futur post-cataclysmique non daté, le désert d'Antéden représente une zone réputée contaminée couvrant un septième de la planète. Entourée de mégapoles, il est cerné par des « observatoires » dont le rôle principal semble être d'en défendre l'accès. Au cours d'une banale visite touristique aux frontières de cette étendue interdite, un homme d'un certain âge – qui sera plus tard rebaptisé Chronover – a le tort d'intervenir dans une action policière un peu rude. Immédiatement emprisonné et condamné à mort, il trouvera comme seule issue la fuite vers Antéden, qui se révélera bien plus peuplé que prévu...
Septentryon possède certaines des caractéristiques obligatoires d'un univers post-cataclysmique classique : désert, ruines, épaves, bandes de nomades plus ou moins rivales qui tentent de survivre face à un univers hostile... Mais le scénario n'a rien de celui d'un pseudo western futuriste à la Mad Max. La thématique est riche et les questions posées sont nombreuses. Qui est cette femme qui annonce son destin au héros avant de lui fixer un rendez-vous dans ses rêves et de disparaître en fumée ? Pourquoi Chronover, qui semble en savoir plus long qu'un simple touriste, fait-il l'objet d'une traque aussi impitoyable ? Pour quelle raison le gouvernement interdit-il réellement l'accès à Antéden ? Qui sont les glyphas, cette race non-humaine dont les porteurs transportent des cargaisons de clones destinés à devenirs des combattants sacrifiables ? Qui dirige ces ateliers génétiques clandestins dont les clones sont issus ? Pourquoi le sanctuaire de Catatonie, une cité ouverte à tous et gouvernée par le faux sage Dévergon, est-il toléré par les mégapoles voisines ?... Bref, l'histoire est aussi intrigante et passionnante que palpitante et mouvementée, même si la narration n'est pas toujours aussi fluide qu'on le souhaiterait.
En outre, le dessin est d'une grande qualité, précis et détaillé, avec une imagerie très forte. Les colonnes en forme d'éléphants-pieuvres, les bateaux éventrés jonchant le désert, les plaines rocheuses et rougeoyantes sont autant de décors somptueux. La scène du supplice où un homme se transforme en un monstrueux bouddha bavant, celle de l'attaque par le porteur glypha (en couverture), ou encore celle de la découverte des clones baignant dans des sortes de poches amniotiques, impressionnent durablement.
Cette nouvelle série se montre donc ambitieuse tant dans son propos que dans la création d'un univers visuel. Affirmant sans peine sa propre personnalité, elle se hisse d'emblée au niveau des réussites du genre. Reste à attendre l'évolution de l'intrigue.
Pascal Patoz nooSFere 18/10/2001
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