La guerre entre les légions du Bien et celles du Mal a eu lieu en 1999. L'issue du conflit demeure incertaine, mais des tas de réfugiés ont fui les enfers pour trouver asile. De nouvelles cités ont été fondées, où coexistent humains et monstres de toutes sortes, s'adaptant plus ou moins au monde contemporain. Des rudiments de magie sont même enseignés à l'école... Quand un démon pète un plomb, il est préférable de faire appel à un spécialiste. Dusty Dawn est un « désactivateur de monstres », une sorte de ghostbuster aux tarifs élevés et aux méthodes pas toujours très honnêtes. Sollicité pour une opération apparemment sans risque — une simple caisse à transférer — Dusty va se retrouver poursuivis par des mafiosis, la Sainte Inquisition, la police, des clans de vampires et différents autres personnages plus ou moins mystérieux...
Il est curieux de constater qu'avec les mêmes ingrédients, on peut faire le meilleur comme le pire. Samuel Bournazel prend des personnages archétypaux, comprenant le détective qui n'a pas froid aux yeux, le faire-valoir rigolo — un petit monstre — et le copain costaud mais peu malin — un gros monstre. Il mélange des clichés de plusieurs genres, du polar à la SF en passant par le fantastique. Il pousse à l'extrême la classique situation de la chasse à l'homme en multipliant les chasseurs jusqu'à ce qu'on perde le compte. Il assaisonne de beaucoup d'action et de beaucoup d'humour, avec des gags parfois faciles et des réparties rapides... Bref, il n'a en fin de compte rien écrit d'apparemment extraordinaire, et pourtant l'album fonctionne parfaitement. Dusty Dawn rassemble toutes les qualités d'une bande dessinée de pure distraction. Difficile d'expliquer pourquoi ça fonctionne aussi bien, mais il suffit de lire pour s'en convaincre.
Le dessin est dans la classique ligne franco-belge — certains visages, comme celui du flic, semblent sortis d'un Ric Hochet — avec un sens du mouvement et du détail qui lui donne à la fois dynamisme et profondeur.
On l'a compris, Dusty Dawn n'est évidemment pas une série « intello » ni ne va révolutionner le genre, mais c'est un album réjouissant et fort bien troussé, donc pourquoi s'en priver ?
Pascal Patoz nooSFere 15/01/2002
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