Extraterrestre venu de la planète Zenn-La, maître des forces cosmiques, Norrin Radd est devenu le Surfer d'Argent, au service de Galactus, un être supérieur au pouvoir infini. Mais Galactus l'a puni en le condamnant à demeurer sur Terre, loin de sa bien-aimée Shalla Bal...
Et voici quatre nouvelles histoires du Surfer... Dans Et qui le pleurera ?, le Surfer cherche à franchir la barrière spatiale qui l'emprisonne, quand survient l'Etranger qui souhaite anéantir l'humanité. Aidé par un physicien noir, Al Harper, le Surfer d'Argent va sauver notre planète... Dans Des Mondes sans fin, le Surfer d'Argent dépasse la vitesse de la lumière et voyage ainsi dans le futur de la Terre. Malheureusement, la Terre et la planète Zenn-La sont alors détruites, car un effroyable mutant a perpétué un véritable génocide à l'échelle de la galaxie. Sans craindre les paradoxes temporels, le Surfer va corriger tout cela... L'Héritier de Frankenstein nous présente un descendant de l'illustre baron, obnubilé comme son ancêtre par le désir de créer la vie : il a mis au point un « duplicateur » capable de créer un deuxième Surfer d'Argent !... Enfin, dans Le Spectre attaque, Méphisto convoque un mort-vivant — le Hollandais volant ! — pour tenter de s'emparer de l'âme du Surfer...
Le Surfer d'Argent est un être hautement moral — et moralisateur — à l'éthique sans faille. L'intérêt de ce personnage réside dans le regard qu'il porte sur l'humanité et ses faiblesses, regard critique et sévère mais non sans compassion. Par exemple, le premier récit de cet album dénonce le racisme sans ambiguïté : Harper aide le Surfer car il sait ce que signifie être un paria rejeté pour sa couleur de peau ; de plus la scène où le Surfer essaie de trouver de l'argent, illustre parfaitement les difficultés d'un « sans papiers ». Ainsi, le Surfer se laisse aller, non sans une certaine grandiloquence, à de grandes tirades tragiques, à des monologues incessants et bourrés de pathos : « Quelles créatures pathétiques (les humains), en proie à la crainte et à la méfiance ! Elles dominent cette planète et se montrent si peureuses... Quelle ironie ! », « L'argent ! La plus lamentable des richesses humaines. », « Toutes les vies, même les plus modestes, les plus humbles, doivent être protégées. La vie est une création divine ! », « La vie en tant qu'esclave n'est qu'une mort déguisée ! », « Ne rien faire est parfois un acte condamnable », etc. En même temps, cette noblesse d'âme cache un profond sentiment de supériorité, voire une certaine vanité. Le Surfer pourrait facilement utiliser ses pouvoirs pour se fondre dans la masse mais « l'aigle rogne-t-il ses ailes pour rejoindre les fourmis ? » Loin de faire un effort d'intégration, il préfère se complaire dans sa mélancolique solitude, dans son auto-apitoiement narcissique, de manière assez masochiste.
C'est ce caractère romantique qui confère son charme si particulier au personnage — à condition de ne pas être rebuté par l'emphase parfois appuyée même si celle-ci est évidemment voulue. Cette superbe intégrale est une excellente occasion de redécouvrir cet héros hors du commun, au milieu de récits dynamiques traversés par de nombreux et pittoresques super-méchants.
Pascal Patoz nooSFere 01/06/2002
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