Comme le précédent volume, Eaux troubles est un album non dénué de défauts mais en fin de compte plutôt sympathique.
Une narration trop lâche empêche en effet de le considérer comme abouti. Par exemple, la première planche montre un homme qui frappe à une porte, s'aperçoit qu'il n'y a personne et repart : rien de palpitant. La deuxième planche nous refait le coup du « dis, comment on fait les bébés ? » de façon tout à fait inutile, le ressort comique de cette scène étant épuisé depuis longtemps. La troisième nous fait assister au retour de pêcheurs évidemment bredouilles, comme toujours... Les quatrième et cinquième sont de même peu utiles et il faut donc attendre la sixième planche pour avoir enfin quelques éléments à nous mettre sous la dent... L'intrigue souffre évidemment de cette mollesse narrative qui la prive d'une réelle consistance. De plus, l'auteur se laisse encore une fois aller à des facilités déconcertantes : on se demande bien pourquoi les « méchants » vont transitoirement épargner les héros pour les traîner au seul endroit de la planète où ils ne pourront plus les tuer...
Et pourtant... l'album demeure assez agréable... Il s'en dégage une fraîcheur indéniable, sans doute en grande partie liée à une bonne exploitation des décors, qu'il s'agisse des espaces marins ou des villages indiens. Certes, ce n'est pas follement original, mais l'ambiance globale est assez réussie – avec un graphisme qui évoque par instant celui de Giné, avec Miossec dans le rôle de Finkel – et cela suffit à rendre l'aventure sympathique. La fin n'appelle pas forcément de suite, mais elle semble vouloir s'unir à la seconde série de Ouali, l'Alkaest, récemment débutée. Espérons que l'auteur se montrera à l'avenir plus rigoureux dans la conception de ses intrigues et dans l'écriture des dialogues...
Pascal Patoz nooSFere 15/02/2002
|