Diosamante est une reine aussi cruelle, orgueilleuse et susceptible qu'elle est belle. Cette « parabole » nous propose d'assister à sa rédemption, au terme d'épreuves toujours plus humiliantes... En effet, de façon incompréhensible, la farouche guerrière tombe pathologiquement amoureuse du roi qu'elle venait combattre. « Je ne regarderai plus le monde tant que je ne serai pas devenue digne de toi », lui déclare-t-elle, avant de se lancer sur les routes les yeux bandées... L'errance dénudée de cette « nonne mendiante » sur le « sentier de la perfection » passe par l'avilissement, et les auteurs prennent un malin plaisir à faire subir divers outrages à leur créature.
On se retrouve ainsi dans un récit très « jodorowskien », avec des personnages excessifs, semblant tirés d'une tragédie antique, et un mysticisme new age mâtiné de sado-masochisme : l'homme est comme toujours écartelé entre la violence de sa nature animale et le désir d'affirmer sa nature spirituelle. Malheureusement, le contexte fantasy des plus conventionnels prive Diosamante de la richesse des univers science-fictifs qui font d'autres albums de Jodorowski de véritables réussites. On ne discerne plus que les aspects fumeux et voyeuriste d'un scénario d'intérêt limité.
Reste le dessin de Jean-Claude Gal, somptueux bien qu'assez statique : il peut justifier à lui seul la lecture de l'album. La couverture plutôt quelconque, pourtant réalisée par montage de trois images des planches 13 et 16, ne reflète d'ailleurs pas la beauté de décors souvent grandioses ni la grâce des personnages. C'est superbe... mais est-ce suffisant ?
Pascal Patoz nooSFere 01/05/2002
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