Vingt ans après, ce second volume apporte une suite inattendue aux aventures de Diosamante. Le premier épisode se suffisait à lui-même, mais il est possible qu'un développement ait été prévu d'emblée et qu'il n'ait pas abouti en raison du décès de Jean-Claude Gal en 1994. Ici, pas d'ambiguité, un troisième tome est déjà annoncé. On retrouve d'emblée la même emphase d'une tragédie où la force des archétypes remplace le souci de vraisemblance. Diosamante, épouse et mère aimante — on ne la reconnaît plus — est enfin heureuse. Une horde barbare surgit alors dont ne sait où — il faut bien qu'il se passe quelque chose — , et femmes et enfants doivent s'enfuir à bord d'un vaisseau, qui va rapidement tomber aux mains de pirates. On est reparti pour une tournée de viols et de massacres... Comme si cela ne suffisait pas, les coups de théâtre s'enchaînent mécaniquement : Diosamante perd la mémoire ( !), le chef des barbares qui la recueillent devient neurasthénique devant tant de beauté, des guerriers s'entretuent pour la posséder, un roi sénile lui sacrifie ses 500 concubines, etc, etc. J'avoue avoir éprouvé les plus grandes difficultés à me passionner pour cette succession de situations peu convaincantes : il y manque l'humour, le souffle épique ou la dimension symbolique qui feraient passer la pilule et qui justifieraient cet étalage de situations fantasmatiques où Diosamante se prête aux humiliations avec un masochisme indubitable. C'est d'ailleurs sans doute cette dimension sado-masochiste — beaucoup plus fouillée dans la Caste des Méta-barons — qui pourrait intéresser le lecteur si elle suffisait à masquer la vacuité de la « parabole ».
Comme pour le premier album, l'intérêt réside donc surtout dans le graphisme. Sans parvenir à la finesse du travail de Jean-Claude Gal, le croate Igor Kordey nous offre quelques belles planches... Un talent prometteur.
Pascal Patoz nooSFere 01/06/2002
|