Accompagnés par Noa, la jolie poupée synthétique, Roy et Jahu atterrissent sur Aqua, une planète qui abrite « une civilisation complètement différente, fondée sur la pureté et la spiritualité » (p.7). La recherche de la paix intérieure est le principe fondateur de cette société exclusivement féminine, composée de clones identiques, mais qui, pourtant, « exalte le caractère unique de l'individu » (p.6).
Dans La Ville jaune, où prédominait une iconographie religieuse kitsch, les auteurs stigmatisaient le commerce religieux de la planète Papathéa et la scission entre les aspects spirituel et charnel de la foi, incarnés respectivement par la défunte Agape et par la papesse Ludovique. Dans ce deuxième tome, Barbucci et Canepa s'attaquent encore aux marchands du temple, en dénonçant cette fois les dérives pseudo-mystiques du new age : plus qu'une véritable source de spiritualité baignée par une imagerie hippie type power flower, Aqua se révèle être un luxueux centre de remise en forme pour riches... Le graphisme disneyen aux couleurs acidulées se mêle au design pop des sixties et à une surprenante imagerie érotique. Voir par exemple, page 36, la rencontre du « corps astral » de Noa avec le poisson sacré enfermant l'ADN aquarien : une curieuse scène de fellation/fécondation dont on ignore ce qu'elle engendrera...
Quête mystique dans un cadre science-fictif pimenté de poésie, d'humour et d'érotisme, Sky Doll se situe dans la droite ligne de Barbarella et du Vagabond des limbes. Mais malgré les multiples influences revendiquées par les auteurs, ceux-ci ont réussi à les assimiler en trouvant un ton personnel et original qui fait de cette série une véritable réussite.
Pascal Patoz nooSFere 10/05/2002
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