Dans le précédent tome, le narrateur était le démoniaque Mille Visages lui-même (voir critique de Celui qui n'est pas né). Cette fois le narrateur est Warren Quinn, le fils du Dr Franck Quinn, hanté par le meurtre commis par son père sur la personne de l'honorable Pr Laney. A la mort de sa mère, le jeune Quinn part en Amérique sur les traces de son père criminel. Il découvre son ranch laissé à l'abandon, où seuls vivent un borgne nommé Finch et un chien, tous deux ex-fidèles compagnons de Franck Quinn. Warren décide de restaurer le ranch et les années passent jusqu'à l'arrivée de William Forester, l'un des personnages du précédent tome, le seul à avoir un don capable de tenir tête à Mille Visages. Warren va peu à peu découvrir à reconnaître la marque du démon Mille Visages ainsi que la véritable histoire de son propre père...
Comme Warren ignore tout de ce que sait déjà le lecteur, il doit interpréter à sa manière les indices qui s'offrent à lui. Cette façon de changer de narrateur permet au scénariste d'enrichir le récit par petites touches, de jeter de nouveaux éclairages, d'emboîter insensiblement les pièces du puzzle en naviguant sans cesse entre les lieux et les époques grâce aux souvenirs et aux récits entremêlés de chacun des personnages et en détaillant ainsi les épisodes éludés dans les albums précédents.
Cette narration complexe mais totalement maîtrisée est toujours aussi passionnante, digne d'un roman particulièrement fouillé, ce qui est loin d'être toujours le cas en bandes dessinées. Qu'on apprécie ou pas le dessin de Malès, on s'immerge complètement dans cet univers paranoïaque où chaque visage peut-être celui du démon.
Bref, un scénario de haute volée, qui captivera tout amateur de fantastique.
Pascal Patoz nooSFere 09/06/2003
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