Malgré une ambiance sombre à souhait et de très belles planches, le troisième épisode de Xoco — premier opus d'un diptyque — n'était guère convaincant. Le scénario, limité à la mise en scène de quelques affrontements avec de maléfiques démons, ne retenait guère l'attention. Avec Le Dragon et le Tigre — qui clôt donc le second cycle — , on perçoit mieux l'intérêt de l'intrigue, construite autour d'un beau mythe d'inspiration chinoise. Grâce à cet élément révélateur de la nature des douze rois-démons, l'histoire redevient prenante et la lecture agréable. Pourtant, on déplore une fois encore le côté expédié de l'affaire : Xoco se débarrasse sans difficulté majeure de ces démons qui ne sont finalement pas bien résistants ; Mosdi ne prend malheureusement pas le temps d'étoffer les « personnalités » de ces terrifiantes créatures ni de nous faire ressentir leurs différences — après tout le Serpent, le Tigre, le Dragon etc., devraient tous être des êtres uniques et hors normes, aux motivations et aux aspirations complexes, multiples, voire contradictoires. Certes, le climat d'angoisse est bien rendu et l'album demeure visuellement impressionnant, mais, au dénouement, on ne peut s'empêcher de penser que l'argument initial aurait pu être mieux exploité. En accordant plus de place aux démons eux-mêmes, en ne les cantonnant pas dans des rôles de monstres menaçants tout juste bons à détruire ce qui passe à leur portée, en développant la mythologie dont ils sont issus, Xoco aurait pu surprendre davantage. Au lieu de cela, ce deuxième cycle se contente d'être un récit de terreur plaisant et bien mené, graphiquement superbe pour qui apprécie ce genre de fantastique morbide et crépusculaire, mais au bout du compte assez superficiel.
Pascal Patoz nooSFere
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