« Vous avez tous compris que nous sommes au mauvais endroit, au mauvais moment et dans les pires conditions. Et vous n'y êtes pour rien ! »(p.29)
Le sous-marin USS Nebraska a découvert par hasard l'épave d'un sous-marin russe datant de 1954 à proximité d'un site archéologique inconnu, qui se révèle d'origine Ougarit — une civilisation qui a mystérieusement et soudainement disparu en 4500 avant JC. Les ennuis se succèdent alors : les avaries du réacteur ne permettent plus d'espérer ressortir du long tunnel où le sous-marin américain est désormais bloqué, l'équipe « alpha » qui a exploré le sanctuaire ne répond plus, des hallucinations assaillent certains hommes et les poussent à tuer leur voisin ou bien à se suicider, enfin d'invraisemblables maladies affectent l'équipage : « En une heure, j'ai vu arriver un cas de peste bubonique, une leishmaniose, une trypanosomiase et encore trois autres infections que je croyais cantonnées aux livres d'Histoire ! (...) Aussi incroyable que cela puisse paraître, aucun de ces malades n'est encore décédé. » Bref, la situation est désespérée, d'autant plus que le lien entre ces différentes manifestations demeure mystérieux...
Un rythme relativement lent confère à ce huis-clos oppressant une tension dramatique digne d'Alien, avec une ambiance claustrophobique qui règne aussi bien dans les étroites coursives du navire que dans les couloirs aux dimensions titanesques du site archéologique. L'homme y devient une minuscule créature confrontée à un mystère qui dépasse son entendement — voir planche 40 par exemple — mais aussi à ses fêlures personnelles. Cette tension est soutenue par le dessin réaliste de Bec, qui privilégie les gros plan de visages tendus et inquiets — des visages très inspirés par le cinéma américain - ainsi que par les éclairages magnifiquement contrastés. Bec est décidément très à l'aise dans la peinture de huis clos angoissants, comme il l'avait déjà montré dans Zéro absolu, sur un scénario certes plus abscons mais très intéressant de Marazano.
Bref, Sanctuaire est un thriller fantastique remarquablement mené et particulièrement efficace. Vivement le dénouement dans le troisième et dernier tome.
Pascal Patoz nooSFere 02/01/2003
|