Rappelez-vous (voir la critique du Puits des Abîmes) : le sous-marin USS Nebraska est en fâcheuse posture, coincé dans une mystérieuse grotte sous-marine. Quelques hommes se sont frayés un chemin dans les galeries de ce qui ressemble à un temple aux dimensions colossales, se heurtant à une effroyable créature, pendant que les membres de l'équipage tombent un à un, affectés par d'étranges maladies... Pour sortir de ce piège, on envisage de faire sauter le plafond de la grotte en y posant une charge nucléaire. Mais le remède n'est-il pas pire que le mal ? Et la solution ne réside-t-elle pas dans un vieux livre relatant les fouilles financées à la fin des années 1930 par les nazis ?
On l'a déjà souligné, Sanctuaire est un « thriller fantastique remarquablement mené et particulièrement efficace ». Ce troisième et dernier tome le confirme, car même si l'on a déjà vu ou lu ce type de huis-clos à devenir définitivement claustrophobe, on ne peut que perdre son souffle à la lecture, tellement la tension dramatique s'y installe insidieusement, sans effet grandiloquent ni invraisemblance majeure qui rompraient le charme. Et encore une fois, le dessin de Christophe Bec, avec son encrage profond et ses nombreux gros plan sur des visages tendus, ainsi que les superbes lumières de Reyes, contribuent évidemment au succès de cette montée progressive de l'angoisse, qui ne fait que croître sans jamais se relâcher.
Bien sûr, une fois ce dernier album refermé, on pourra se dire que l'histoire n'a rien d'extraordinaire et qu'elle peut se résumer en deux lignes. On pourra regretter que l'explication donnée à ces fameuses maladies qui déciment l'équipage soit un peu sommaire. Mais ce qui compte c'est que nous avons marché à fond tout au long des trois albums, sans que notre attention faiblisse à aucun moment. C'est aussi que certaines images vont rester gravées dans notre mémoire et qu'on aura bientôt envie de relire cette trilogie. Bref, c'est qu'une fois de plus, la façon dont on raconte une histoire l'emporte souvent sur le contenu. Et là, c'était rudement bien raconté !
Pascal Patoz nooSFere 09/09/2004
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