L'univers des contes et légendes, déserté par la magie, se dégrade au fil du temps.

     Sous les ordres du dragon FULEIDANS, l'elfe VELRONN, la fée METH et le centaure ASHWIL devront, dans ce premier épisode, se mesurer à un serial killer déroutant. Un cauchemar pour les défenseurs de la loi.

     Dreamland était autrefois le pays de la magie mais, pour une raison encore inconnue, celle-ci a disparu et les habitants sont devenus des mutants. Tout part maintenant à la dérive dans le nouvel univers d'Hardland, un capharnaüm glauque et violent plus ou moins régi par le dragon Fuleidans et où la fée Meth et l'elfe Velronn ont pour rôle d'essayer de maintenir un semblant d'ordre.

     Un soir, le Sanglier surgit à la prison : il désire se rendre et purger sa peine pour des meurtres qu'il n'a pas encore commis ! Par lassitude, il est placé sous les barreaux, mais malgré cette précaution la série de crimes commence dès le soir même. Le pire est que le Sanglier désigne les victimes à l'avance et que les morts sont cependant de plus en plus mystérieuses, comme si elles relevaient de la magie... ce qui est bien sûr impossible à Hardland !

     Eliminer la magie dans un monde de fantasy est une idée plus qu'originale. Pascal Brau dispose ainsi d'un univers complet de personnages et de créatures fantastiques avec lesquels il peut se permettre toute sorte de caricatures inspirées de notre société moderne. Fées, elfes, farfadets, troll et autres druides sont ici transposés dans la plus lugubre des banlieues sordides que l'on puisse imaginer, digne du décor d'un New York 1997. Nous voici donc plongés dans un sombre polar à la suite de nos deux héros qui mènent une enquête dont l'atmosphère n'est pas sans rappeler celle, pesante, du Silence des agneaux — avec le Sanglier dans le rôle d'Anthony Hopkins.

     Auteur complet, Pascal Brau assure ici le dessin et l'encrage de son scénario. Son graphisme est souvent recherché, il alterne les cases simples avec des planches nettement plus sophistiquées et éclatées, sa palette de couleurs varie au fil des pages et des ambiances... L'ensemble est plein d'humour, parfois un peu dénudé et sexy, mais aussi saignant — sanguinolent même — et ultra-violent, ce qui, on le comprendra, ne destine pas cet album aux plus jeunes lecteurs.

     Dans une trilogie, le premier tome sert souvent à planter le décor : voilà qui est fait avec beaucoup de réussite. Préparons-nous à une suite plus que prometteuse !