Voilà deux ans que les quatre mystérieux rayons ont surgi de l'espace, et on ne sait toujours presque rien sur eux. Après dix-huit mois de coma passés dans une base secrète, Jacob Kandahar est prêt à reprendre du service. Mais pendant ce temps, le gourou d'une secte met en œuvre un plan démentiel : il veut utiliser des satellites pour détourner l'un des rayons afin « d'irradier » des poches de sang qui devraient lui permettre de dominer le monde...
A l'image du médiocre jeu de mots du titre, cette peu vraisemblable histoire de sang divinisé et de grand gourou fou constitue une parenthèse un peu superflue dans un récit qui n'avait pas besoin de ça pour retenir l'attention : on préférerait approfondir la question de la nature des rayons plutôt que de subir cet intermède grand-guignolesque. C'est d'ailleurs la première partie qui est de loin la plus intéressante. On y assiste à l'expédition d'une expédition danoise dans l'un des faisceaux : cinq explorateurs qui atteignent une autre dimension, une planète habité par un animal au faciès curieusement humanoïde. Le récit de ce voyage est « librement inspiré par la nouvelle Snuffles de R.A. Lafferty » avertissent les auteurs, et l'on ne peut que les féliciter d'avoir choisi de rendre hommage à cet auteur injustement méconnu et pourtant très original (en français, la nouvelle s'intitule Snif-Snif et est parue au Livre de Poche dans l'anthologie Histoires divines). Dans ce passage, l'album fait preuve d'un charme qui rappelle certaines scènes des Mondes d'Aldébaran de Léo — la « figure » de l'animal en particulier. En comparaison, l'épisode de la secte paraît en total décalage — même si les dénouements des deux récits se ressemblent en fin de compte. Mais, après tout, ce n'est pas forcément un défaut puisque le scénariste semble vouloir changer régulièrement de rythme et d'ambiance, comme on l'a vu avec un troisième tome en forme de huis-clos.
Malgré cette réserve, Apocalypse Mania demeure indéniablement une série très intéressante, avec un riche potentiel dans l'ensemble fort bien exploité par les auteurs, tant sur le plan du scénario que du dessin et des couleurs. Souhaitons que Bollée ne s'égare pas davantage à force de vouloir surprendre son lecteur et qu'il recentre l'intrigue pour le prochain tome...
Pascal Patoz nooSFere 15/03/2003
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