Pôl Gornek, Pôl Goz, Pôlic, Ar Pôtr Rouz, Ar Prins Rû, an Diaoul, le Cornik.

     Vous voyez de qui je veux parler ? C'est l'homme aux mille noms, aux mille visages, le Prince des Mensonges. En pays korrigan, on le considère plutôt comme le Prince des Pitres.

     Faut avouer qu'entre un forgeron qui vous rend marteau, un meunier qui vous roule dans la farine, des korrigans qui font de vous la risée de l'Autre Monde et des menhirs qui n'hésitent pas à vous marcher sur le sabot, il ya de quoi manger ses cornes !

     Istin et ses comparses continuent à explorer les contes traditionnels de la Bretagne. Après les trésors cachés (voir la critique des Sortilèges enfouis), c'est à la figure du Diable qu'ils s'attaquent, ce bon vieux Cornu qui est si souvent ridiculisé par ceux qu'il cherche à piéger, et qui, au bout du compte, est souvent le dindon de la farce (ceux qui apprécient ce genre d'histoires populaires pourront par exemple le vérifier dans les recueils qui paraissent aux éditions Terre de Brume).

     Les albums « régionalistes » sont souvent platement scénarisés et pauvrement dessinés : ce n'est évidemment pas le cas de cet album et c'est décidément une bonne idée que de s'inspirer d'une partie peu connue du patrimoine culturel breton pour lui redonner un coup de jeune grâce à une illustration de qualité.

     En effet, plutôt que de lire une nième resucée de la geste arthurienne, une nième sous-tolkiennerie ou une nième histoire de prophétie et d'élu, mieux vaut découvrir ces formidables contes folkloriques, plein d'une ingénieuse naïveté et d'une souriante malice.

     Les 4 contes bretons adaptés ici ont pour thème le Diable, les tours qu'il joue aux humains et ceux que lui joue le Petit Peuple. Les scénarios sont donc classiques, les dessins inégaux (il s'agit d'un ouvrage collectif). Une façon pas plus bête qu'une autre de découvrir le folklore breton.

     (Note : ahouaip i plutobueno...)