« Il n'est pire caveau que ces temps de sagesse, de rigueur et de restriction morale. Je fustige la révolution rigoriste et imbécile qui mit fin au règne du foutre, du foutoir et du joyeux chaos... Merveilles cybernétiques, putains-joyaux expertes en cyber-orgasme, je vous veux de retour... » (pl.11) Ainsi parle le jeune empereur Miyaké, obsédé par l'ère des plaisirs jusqu'à en sombrer dans la folie. Bravant les interdits de son époque, il réactive les antiques robots tels que les nécro-nonnes et fait enlever la fée, le joyau des joyaux. Le désir d'approcher — et de souiller — la beauté des fées, ne serait-ce que pour une seule nuit d'amour, lui fait négliger l'angoisse de ses courtisans et la révolte qui gronde sous ses murs. Il sait que son Empire vit ses dernières heures mais il attend cet effondrement avec impatience...
Fée et tendres automates est avant tout une extraordinaire histoire d'amour qui défie les siècles, la violence et la destruction. Un amour entre deux êtres purs, deux créatures improbables autrefois produites par l'imagination humaine : « Les fées n'existent pas [...] Elles ne peuvent exister. Elles sont nées d'imaginations trop folles et trop optimistes pour avoir quelque place en ce monde. Mais... s'il ne reste qu'une trace de ces rêveries malades... alors tu es celle-là, petite fée. » (pl.28) Ce romantisme absolu peine cependant à trouver sa place dans l'univers des hommes, car « le réel ne peut convenir aux êtres doués de douceur. » (pl.31) Confrontés à la sordide réalité, le goût pour la beauté de l'empereur Miyaké s'est abîmé dans un profond désespoir : « Les contes de nos enfances ont été un venin sans nom. Le poison des promesses non tenues... L'amer génocide des rêveries enfantines... » (pl.41) Sa quête inaccessible ne peut logiquement aboutir qu'à la dévastation et à la ruine car il est incapable de se résigner à la laideur et à la médiocrité.
Ce troisième tome — annoncé comme étant le dernier — conclue avec brio l'exceptionnel destin de la petite automate privée de bouche. Au dessin, Téhy et Frank Leclercq ont succédé à Béatrice Tillier en respectant le graphisme des précédents albums mais en privilégiant l'action. Les planches sont baignées de teintes rougeoyantes qui témoignent autant du feu de la passion que de celui des explosions et des combats.
Au total, ce récit poétiquement tourmenté et désespérément romantique nous offre une série d'exception, à l'imagerie forte et originale. Un superbe triptyque à ne pas manquer.
Pascal Patoz nooSFere 01/07/2003
Avant de mettre fin à son règne, le gouverneur Miyake veut passer sa dernière nuit dans les bras de la plus belle des fées et envoie ses hommes enlever le joyau des automates. Jam part au secours de sa bien-aimée... La fin très (et longtemps !) attendue de cette belle série pleine de poésie déçoit car elle s'avère portée par une action prévisible. L'ensemble reste toutefois d'une lecture indispensable pour tout amateur de mondes étranges. (Note : ahouaip i plutobueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°32 01/10/2003 Mise en ligne le 01/12/2005
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