« — Ce soir-là, il m'a semblé voir quelque chose dans les astres. J'ai cru lire qu'un jour prochain le soleil ne se lèverait plus. — Carrément ? »
Et le jour suivant, le soleil ne se lève pas — non, ce n'est pas une simple éclipse, on ne va pas nous refaire le coup du Temple du soleil. On cherche alors un bouc émissaire : qui de plus indiqué pour ce rôle que Maki le manchot, l'infirme à qui les enfants lancent des pierres lorsqu'il entre dans le village. Mais Maki est un malin. Pour échapper au sort qu'on lui réserve, il fait croire qu'il est possédé par un huaca... Les huacas sont « toutes les choses qui sont habitées par des présences surnaturelles, c'est tout ce qui est sacré ». Il est emmené chez l'inca, à Cuzco, en compagnie de son vieil ennemi Ruphasqa, un prétendu devin au visage brûlé... L'itinéraire de Maki, dont les visions et prémonitions témoignent sans doute d'un véritable talent de devin — à moins qu'elles signifient qu'il abuse un peu trop des feuilles de coca — est une étrange odyssée, dont l'ambiance surnaturelle est renforcée par cette atmosphère de nuit perpétuelle, tandis que le langage étrangement familier de ces paysans péruviens apporte une note d'humour fort plaisante. Le dessin, fait d'un trait léger et délicat, finement hachuré, rappelle celui de Christophe Blain, mais avec une personnalité propre et une jolie poésie. Ainsi, cet album original, s'intègre parfaitement au concept de la collection Poisson Pilote où l'on trouve les albums de toute une nouvelle génération d'auteurs européens qui ont su trouver un ton différent de la classique « école franco-belge », sans pour autant rien devoir aux comics ni aux mangas. Le résultat est magique !
Pascal Patoz nooSFere 10/10/2003
Maki, manchot et gardien de lamas de son état, se garde bien de révéler ce qu'il a lu dans les étoiles : un jour, le soleil ne se lèvera plus. Quand survient l'événement qu'il a été le seul à prévoir, l'Empire Inca est en émoi, et il y a du lynchage dans l'air... Si le dessin est bien dans l'esprit « Poisson Pilote », il manque toutefois à ce premier tome le brin de folie qui anime habituellement cette respectable collection. A découvrir toutefois. (Note : Ahouaip ! Trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
|