Mariée à un jeune rabbin parisien, Zlabya doit se rendre à Paris pour dix jours, afin de rencontrer ses beaux-parents. Hélas, son père a décidé d'être du voyage et d'emmener le chat — désormais condamné à la mutité.
Ce voyage haut en couleurs n'est pas sans rappeler les excentricités d'un Mangeclous ou des autres personnages ensoleillés de Cohen-Solal. Particulièrement savoureux, le personnage du père est comme un rayon de lumière qui éclaire la grisaille parisienne de sa joyeuse naïveté béate et de son ironie pensive. « Les pauvres, même pas ils ont la mer » fait-il en découvrant la Seine, avec une sincère compassion. Mais voyager c'est aussi risquer les tentations, surtout si la situation dégénère un peu. Après tout, pourquoi ne pas tester un repas non cachère, juste pour voir comment Dieu va réagir ?
Derrière le comique, on retrouve l'omniprésent questionnement religieux et philosophique : est-il juste de galvauder son art pour survivre ? a-t-on le droit de s'occuper de la vie des autres ? et si l'on peut être heureux sans respecter la Torah, alors « pourquoi se fatiguer autant à appliquer tous ces préceptes qui nous compliquent tellement la vie ? » Troublé, le rabbin conclura par un étonnant sermon, honnête mais peu satisfaisant pour ses ouailles.
Cette œuvre d'une exceptionnelle finesse, équilibre parfait entre émotion, réflexion et dérision, bénéficie en outre de l'inclassable dessin de Sfar, tout à la fois caricatural, sensuel, bouffon et poétique... Bref, la série est un chef d'œuvre.
Pascal Patoz nooSFere 01/11/2003
Zlabya s'est mariée, au grand dam du chat du rabbin qui perd ainsi sa maîtresse. Quittant l'Algérie, tous prennent le bateau pour voir la belle-famille à Paris. Le Rabbin ne cesse de râler : la capitale est grise et pluvieuse, les juifs qu'il rencontre ne correspondent pas à son idéal, et son chanteur de neveu n'a pas réussi comme il l'imaginait... Encore un Sfar plein d'humour, de tendresse, de personnages attachants, encore du bon Sfar. (Note : Ahouaip ! Trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
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