Siloë n'est pas une enfant comme les autres. Considérée comme une schizophrène, assaillie de visions morbides, elle peut en fait développer des liens télépathiques puissants et transformer certains individus en « psybombes » meurtrières. De plus, depuis que ses pouvoirs ont augmenté, elle peut altérer la structure même de la matière et du temps. Mais elle ne contrôle pas ces pouvoirs, ce qui fait d'elle une force de destruction imprévisible et dangereuse... Echappée du laboratoire où elle demeurait un sujet d'étude, Siloë est traquée par l'armée, mais aussi par une secte, l'église Essénienne, dont le leader Jason Salemond se présente aux élections présidentielles...
L'Histoire de Siloë, dont le premier tome a été récompensé par le Prix Utopiales 2001, est un récit peu ordinaire, mené à un rythme assez lent. L'action est présente mais finalement assez secondaire et ce sont les scènes les plus calmes — les visions de Siloë, les moments de solitude des personnages, les scènes d'hôpital au chevet de comateux... — qui imposent leur rythme au récit et qui lui donnent une couleur assez particulière. Une première lecture rapide peut ainsi laisser le lecteur sur sa faim. Malgré les soixante-douze pages, il se passe finalement peu de choses. Mais si on se laisse imprégner par la tonalité du récit, par son rythme, par son émotion, alors l'empathie fonctionne et on perçoit la frayeur de Siloë, son incompréhension face à l'univers qui l'entoure...
A la fois précis et dépouillé, le dessin de Servain est d'une grande lisibilité. Le visage pur et pourtant crispé de la petite Siloë — à la manière de l'enfant du Sixième sens, qui lui aussi avoue « voir des choses » comme Siloë à la page 28 du présent album — est une bonne illustration de cette simplicité qui va au cœur du récit, sans effets inutiles.
Au total, un récit peu spectaculaire mais pénétrant et nuancé, plus complexe qu'il n'y paraît. Un futur classique si le troisième tome est à la hauteur.
Pascal Patoz nooSFere 01/12/2003
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