Résumer l'intrigue de l'Empereur-Océan devient de plus en plus difficile et il suffira de se reporter aux chroniques des deux précédents albums pour en avoir une idée.
Ce troisième et dernier volume conduit logiquement au dénouement des différentes intrigues antérieurement entrelacées. Dictateur fou d'immortalité, mystique bouddhiste, mutants post-Tchernobyl, incarnations d'un dieu irascible et de son « souldé » — sa soif de pouvoir — , morts-vivants, guerriers fanatiques, extraterrestres, soldats russes et ukrainiens... tous ces ingrédients s'organisent au sein d'une histoire déjantée où l'on croisera même un Lénine sanctifié qui se révèlera être la réincarnation d'Osiris... Ouf !
Cette série totalement hors normes est ainsi bourrée d'idées et d'images fortes, témoignant de cultures trop peu souvent abordées en bande dessinée. Le côté extravagant, baroque voire abracadabrant, effraiera sans doute bon nombre de lecteurs, d'autant plus qu'il n'est pas facile de classer cette série dans une case bien définie : s'agit-il d'une satire politique, d'une fable mystique, d'un récit fantastique ou d'anticipation, d'un délire opiacé, d'un éloge de la folie, de réalisme magique, d'un rêve éveillé... ? C'est sans doute un peu tout cela à la fois, mais Baranko réussit miraculeusement à conserver une cohérence à cet incroyable fourre-tout. Quel est le sens de cette fable ? « Trouve la réponse et tu recevras la lumière » nous nargue Baranko dans la dernière page, avant d'ajouter « Qui donc trouvera la limite où finit le rêve et où commence la réalité ? Et où finit la réalité et où commence le rêve ? »
L'Empereur-Océan n'est certainement pas destiné à plaire à cette entité vague qu'est le « grand public », mais tous les lecteurs qui apprécient les OLNI — Objets Littéraires Non Identifiés — seraient bien avisés de se précipiter sur cette mémorable trilogie.
Pascal Patoz nooSFere 18/01/2004
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