« Ces heures noires, c'était celles des brigands, des tueurs et des malheureux noctambules qui s'aventuraient à leurs risques et périls. »
Ariane doit fuir la Bolonie dont les dirigeants se révèlent passéistes et revenir chez elle, en Navarin. Les idées modernistes ne confirment pas leur percée : le journal La Lumière de demain cesse de paraître tandis que la voix des passéistes s'affirme dans Le Jour d'avant. Ne trouvant plus leur place dans cette société étrange, Ariane et sa compagne Andrée rejoignent les Insoumis, des terroristes qui vivent en communauté et sont dirigés par l'inquiétant Boulanger, dont le charisme et les beaux discours servent en fait des appétits bien matériels...
Dans cet étonnant pastiche de roman-feuilleton du XIXème siècle, aventures rocambolesques et intrigues politiques se mêlent avec bonheur pour donner un récit nerveux et exalté aux multiples rebondissements. Passéistes et modernistes, policiers et voleurs, justicière masquée et homme mystère... autant d'ingrédients qui épicent cette fable faussement naïve. Au milieu de cette agitation brouillonne digne des Pieds Nickelés, les contradictions de l'action politique ébranlent les convictions d'Ariane. Ses errements figurent sa « crise d'adolescence » : elle y gagne en lucidité et tire une morale de ses mésaventures « La politique qui avait pu me paraître futile et corrompue, à présent, me sautait à la figure son utilité première : préserver le monde de la barbarie et de la force d'autodestruction des hommes ! »
Le sombre dessin de Yoann illustre à merveille cette ambiance de mystère et de décadence, ainsi que ce rythme désordonné et fantasque propre au roman-feuilleton. Chaque page de l'album ne comporte que trois grandes cases, trois bandes horizontales qui laisse de la place pour une sarabande de visages grimaçants qui, aux heures sombres, hantent mansardes, cimetières et catacombes...
Une excellente série, tout à fait à sa place dans la très dynamique collection Poisson Pilote.
Pascal Patoz nooSFere 03/01/2004
Ariane, la voleuse du Père Fauteuil, et son amie Andrée quittent la Bolonie et les salons modernistes. De retour dans leur Navarin passéiste, Ariane se lie à des anarchistes pour, une fois de plus, trouver corruption et violence derrière l'idéalisme... Un épisode mené à cent à l'heure dans un XIXe siècle imagé mais finalement peu décalé, des personnages attachants et complexes, des dialogues pleins de verve : aucune raison de bouder son plaisir. (Note : Ahouaip ! Trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
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