Retour en arrière dans ce troisième tome, avec le récit par Dana des événements qui ont précédé son coma. Sa mère désirant être seule avec son nouvel amant, Dana quitte Toronto pour la petite ville de Paradise où habite sa grand-mère et son oncle Elliot. Il ne se passe pas grand chose dans cette bourgade perdue et Dana s'ennuie ferme auprès de sa bigote de grand-mère. Pourtant, les nuits dissimulent plus de secrets qu'on ne pourrait le croire : des gangsters obligent Elliot à un étrange trafic, tandis qu'un jeune garçon, Damien, fait le mur tous les soirs pour aller scruter le ciel, dans l'attente du retour des extraterrestres qui auraient enlevé l'un des commerçants du coin...
Ce récit est en rupture totale avec les deux précédents, et il peut facilement se lire comme un one shot. L'accent est mis sur les personnages, leur solitude meublée pour l'un par la religion, pour d'autres par l'alcool, bref l'atmosphère mélancolique des petites villes où la vie consiste à attendre, à espérer vainement que quelque chose va se passer — l'appel d'une mère, le départ pour une autre ville, voire même l'arrivée d'une soucoupe volante... Très réaliste, aussi bien dans son scénario que dans son dessin, l'album s'avère parfaitement construit. La tension dramatique monte subtilement et implacablement, alors même qu'il n'y a pas de « drame » majeur. C'est une succession de situations banales, de personnages ordinaires ou doucement excentriques, de quelques bizarreries — comme la mort d'un chien, éventré dans sa niche — qui font la matière d'une histoire touchante, racontée avec une grande justesse de ton. La SF ne repointe le bout de son nez que dans les toutes dernières planches, au moment même où Dana sombre dans le coma qui la conduira dans l'univers des deux premiers albums, à la rencontre de Vincent. L'histoire aurait pu s'arrêter là...
Ce changement radical de ton est une excellente surprise. Après deux tomes d'aventures fantastiques où une bande de jeunes doivent apprendre à survivre dans une forêt irréelle, ce récit intimiste ancré dans la réalité permet d'apprécier une nouvelle facette du talent de Steven Dupré. On s'interroge ainsi sur la teneur des prochains volumes, en espérant que l'auteur saura encore surprendre son lecteur et susciter sa curiosité. Jolie réussite.
Pascal Patoz nooSFere 20/04/2004
Dana écrit à Vincent, qu'elle a « rencontré » alors qu'elle se trouvait dans le coma, et lui explique les circonstances de son accident. Contrainte de rejoindre sa grand-mère et son oncle au Canada, elle s'ennuie dans la petite ville tranquille. Tranquille, si l'on excepte les étranges agissements de son oncle, et la présence d'un jeune garçon qui attend chaque nuit l'arrivée des OVNI... Malgré un décor et des personnages déjà vus — on songe à Stephen King — on se prend d'intérêt pour ces derniers (le dessin réaliste de Dupré n'y est pas étranger). Mais la « révélation » finale peine à justifier le chemin parcouru. Une lecture agréable, en somme, mais sans plus. (note : Bof, yapôtrocool)
Philippe Heurtel Bifrost n°35 01/07/2004 Mise en ligne le 01/09/2005
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