Après l'impressionnante série Fragile, de Raffaele, voilà une nouvelle série sur le thème du mort-vivant, sur un mode beaucoup plus parodique. La présentation — en gore-o-scope et en terrorcolor — ne laisse planer aucun doute sur l'hommage rendu au cinéma d'horreur, de même que la dédicace à George A. Romero et la préface de Jean-Pierre Dionnet. L'album contient une succession de quatre histoires, plus humoristiques que terrifiantes. L'action s'y déroule à Los Angeles, en 2064, dans un monde où l'accroissement de la population des morts-vivants a conduit le gouvernement à adopter des lois obligeant les vivants à cohabiter avec les morts. Les principaux personnages sont Karl Neard, vilain boutonneux et chasseur de zombies maladroit, et sa sœur Maggie.
Les Zombies qui ont mangé le monde n'a rien d'une méchante parodie lourde et vulgaire. Derrière l'humour noir, qui fait souvent mouche, il s'y découvre aussi une tendresse inattendue et surtout plus d'une idée astucieuse, comme celle de ces émeutes à Jérusalem parce que des milliers de fidèles cherchent à savoir si le Christ est devenu un zombie, ou celle d'un trafic d'actrices mortes pour assouvir les étranges perversions de riches vivants, ou encore celle de ces jeunes zombies qui, parce qu'ils sont révoltés par la société, décident de se comporter comme des zombies de cinéma...
Le dessin, lui-même parodique, restitue parfaitement l'ambiance déjantée — à commencer par le design rétro des vêtements et des décors, en total décalage avec la date annoncée de 2064.
Sans autre prétention que de faire rire, voilà une série savoureuse, évidemment plutôt destinée aux amateurs de gore, mais qui pourrait toucher un bien plus large public car il ne s'y passe rien de bien choquant. A découvrir.
Pascal Patoz nooSFere 20/06/2004
Si l'on en juge d'après les récentes sorties cinéma, livres et BD, le genre Zombie est comme les zombies eux-mêmes : mort et enterré, il revient néanmoins pour nous faire frissonner... ou rire, comme ici. Les zombies vivent parmi nous, ils sont protégés par la loi, et obligation est faite aux vivants de les héberger. Heureusement, Karl et sa sœur sont là pour nous débarrasser de ces parents bien encombrants... Dans la tradition des histoires à chute, ces quatre récits font preuve d'un humour noir décapant et dépeignent une humanité peu reluisante. Drôle. (Note : Trebueno)
Philippe Heurtel Bifrost n°36 01/10/2004 Mise en ligne le 26/06/2006
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