Anja et Drazen ont grandi ensemble sans jamais se rencontrer. Car le secret qui les unit n'est qu'un leurre. Un rêve à l'intérieur duquel ils vivent un amour proscrit par la loi des Mages. Et c'est tout un monde de mystères, de lois anciennes, de mensonges et de haine qu'ils vont devoir défier.

     Depuis toujours, les magiciens protègent en secret notre monde d'une force maléfique. Cette mission est si indispensable que rien ne doit les en détourner, surtout pas l'amour. Mais l'un d'eux, Lancaster, a trahi : il a aimé une mortelle et lui a donné un fils, nommé Drazen.

     En 1990, Ash, un mage chasseur, a retrouvé Lancaster caché à Berlin. Mais s'il a réussi à capturer Drazen, alors âgé de six ans, le père s'est échappé. Après un séjour de quatre ans dans un labyrinthe magique destiné à effacer sa mémoire, Drazen est devenu un apprenti magicien prometteur. Pourtant, deux souvenirs ou hallucinations l'obsèdent : celui d'une petite créature nommée Bumbum, qui l'accompagne désormais partout, et celui d'Anja, la petite fille qui était devenue son amie juste avant son enlèvement.

     En 2003, Ash emmène enfin Drazen à la découverte du monde. Il est toujours aux trousses de Lancaster qui vient de tuer un mage gardien afin de libérer deux « jamais-nées » car, désormais initié à la magie noire, il veut ressusciter sa femme et reprendre son fils. Dans ce but, Lancaster a enlevé Anja, seule capable de joindre Drazen par l'intermédiaire de rêves communs...

     Derrière son titre bien banal, Le Jour des magiciens se révèle une série épatante qui change agréablement des quêtes, prophéties et autres luttes bien contre mal. En effet, si le mal existe, sous la forme de cette fameuse menace qui plane sur l'humanité depuis l'aube des temps, l'intrigue est en réalité centrée sur la traque menée par Ash et sur le parcours des deux adolescents Anja et Drazen. Or, point de véritable méchant dans cette affaire : il est normal que Ash veuille empêcher Lancaster d'utiliser son savoir à des fins personnelles, tandis qu'on excuse volontiers Lancaster d'aimer et de vouloir vivre « normalement ». Voilà un vrai dilemme pour Drazen qui va devoir choisir son camp.

     Ecrite et dessinée par deux italiens, cette Fantasy urbaine est une tragédie émouvante et immédiatement attachante, car centrée sur le drame personnel des personnages et leur affrontement. Le récit est dans l'ensemble sobre, sans débauche de créatures fantastiques ni de sortilèges explosifs, mais rythmé par quelques scènes d'action — en chevaliers des temps modernes, nos magiciens se battent parfois à l'épée en pleine rue, façon Highlander — ou horrifiques — le rappel à la vie d'un cadavre...

     Quant au dessin de Nizzoli, rappelant notamment celui de Moebius, il montre une élégance et une fraîcheur qui lui confèrent une grande lisibilité.

     Pleine de charme, Le Jour des magiciens est donc une excellente série, que les amateurs de Fantasy dessinée découvriront avec beaucoup de plaisir.