Sarah poursuit son périple sur Terre à la recherche de ses trois enfants : Haroto, Satoko et Tsumuri. Ici, elle retrouve par hasard la trace de l'aîné, Haroto, alors que les indices récoltés devaient la conduire vers Tsumuri, le plus jeune de ses enfants.

     Scénarisé par Katsuhiro Otomo, le créateur d'Akira himself (chez Glénat), mais aussi du génial Rêve d'enfants aux Humanoïdes Associés (qu'on ne peut que conseiller à tout ceux qui ne connaissent du manga que Dragon Ball Z et Dorothée), Mother Sarah est à la fois mère et guerrière, un personnage assez original dans l'univers des héroïnes de bandes dessinées.

     Otomo explique : « J'ai décidé d'écrire un scénario dont le thème central serait fortement émotionnel, une mère qui cherche son enfant perdu. Et cette mère est devenue le personnage principal de l'histoire ». Il souligne avoir spécialement conçu le scénario pour Takumi Nagayasu : « C'est un grand dessinateur que j'ai toujours admiré, contrairement à moi il excelle à faire ressortir l'émotion dans un récit ».

     Et la série lui donne raison. Servie par un découpage efficace, des cadrages percutants, l'utilisation de la technique noir et blanc qui donne un accès direct au trait de Nagayasu, un dessin pur, dynamique et expressif, Mother Sarah accroche le regard et l'esprit.

     Plongée dans un univers apocalyptique où règne la violence et la douleur, en dépit de toute l'horreur qu'elle côtoie, Sarah garde la tête hors de l'eau, tendue vers un seul but : retrouver ses enfants. On se doute que le combat est loin d'être gagné, un peu trop loin peut-être... La guerre n'a pas seulement éloigné physiquement Sarah de ses enfants, elle a fait de la mère une étrangère pour sa progéniture. Mother Sarah, ou l'amour maternel comme ultime salut !

     En 1996, Takumi Nagayasu confiait : « Voilà maintenant huit ans que je travaille sur cette série, et que je dessine vingt planches par mois, seul, sans aucun assistant. Il faudra encore deux ou trois ans pour arriver au terme de ce projet ; c'est une histoire parfois difficile à dessiner, mais je ne m'en lasse pas, justement parce qu'elle présente un défi permanent. »

     Le public français le suivra-t-il jusqu'au bout de l'aventure ?