Quatre-Vents est un indien Lakota. Jeune guerrier fougueux, il enlève une princesse Pawnee pour l'épouser. Mais son ancienne maîtresse use d'un stratagème pour amener Quatre-Vents à tuer involontairement sa captive...
Jusque-là, rien d'extraordinaire en apparence. Mais l'Amérique de Quatre-Vents n'est pas celle que nous connaissons. Il y a bien longtemps, Sitting Bull, avec l'aide des indiens Paiutes, a remonté le temps et a empêché les hommes blancs de conquérir le continent. Ainsi, les peuples indiens ont pu continuer à vivre libres, en accord avec les voies du Grand Esprit, tandis qu'au sud l'immense empire aztèque a affirmé sa puissance. Il s'agit donc d'une uchronie, dont le point de divergence a été voulu et provoqué par les indiens. Curieusement, ceux-ci conservent la mémoire du monde alternatif auquel ils ont échappé — de même, lorsque d'autres voyages temporels auront lieu, certains des protagonistes se souviendront de leurs précédents futurs et notamment de leurs morts.
L'originalité de cette uchronie — genre encore rarement abordé en BD — n'est cependant pas la seule qualité de l'ouvrage. Ce monde, présenté à travers une histoire d'amour et de mort où l'on constate qu'il est difficile de réparer les erreurs du passé, est également traversé par des personnages hors normes, comme un hermaphrodite et une inquiétante charmeuse de serpent considérés comme des clowns sacrés. On retrouve ainsi, dans un récit toutefois moins complexe pour l'instant, l'extravagance et l'étrangeté qui caractérisaient la précédente série de l'auteur, L'Empereur-Océan (lire les critiques de La Horde, de Réincarnation et du Tombeau).
De même, on retrouve le dessin de Baranko, immédiatement reconnaissable, ce qui est souvent la marque des auteurs qui ont un véritable univers personnel. On retrouve les visages grimaçants, les visions hallucinatoires et les autres caractéristiques de son graphisme qui le feront apprécier par les uns et probablement détester par certains autres. La force du trait et l'impact visuel sont en tout cas indéniables, ce qui est de loin préférable à des images impersonnelles.
On l'aura compris, ce premier album de La Danse du temps est une lecture chaudement recommandée !
Pascal Patoz nooSFere 07/09/2005
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