Le jeune Ethan a découvert une jeune femme nue errant dans les rues de Pennystown, minuscule ville américaine. Séduit, il a couché avec elle, déclenchant ainsi une curieuse invasion de femmes nues toutes identiques, ovipares et redoutablement féroces. Non loin, dans un champ de maïs, se trouve un curieux objet en forme de spermatozoïde et qui pourrait être un vaisseau spatial. Enfin, la ville entière est coupée du monde par une barrière invisible qui fonctionne comme une glace sans tain. L'armée qui en fait désormais le siège ne peut ainsi assister au carnage des autrefois paisibles habitants de Pennystown...
Girls est un huis clos à l'atmosphère oppressante : ville assiégée, invasion de prédateurs incompréhensibles, chasse à l'homme, tensions entre les survivants qui se rejettent les responsabilités les uns sur les autres et qui se déchirent au lieu de s'entraider... Dans le genre, le scénario fonctionne bien, mais si la mécanique narrative est bien huilée, elle manque quelque peu d'originalité. En effet, la seule « audace » est d'avoir remplacé les habituels extraterrestre ou vampires par de jolies jeunes femmes dénudées. Le fantasme est sympathique, certes, mais il ne suffit pas tout à fait à compenser une intrigue convenue qu'on aimerait plus stimulante. De plus, le dessin des frères Luna, raide et centrés sur les mêmes visages peu expressifs inlassablement répétés au fil des pages, manque de brio. Les quelques effets de flou disséminés ça et là ne suffisent pas à le dynamiser.
Déjà deux tomes — sur quatre au total — et plus de 250 pages pour une histoire sans surprise qu'on pourrait résumer en cinq lignes et qui se voit dotée d'un graphisme monotone et répétitif... Le bilan ne paraît guère positif. Pourtant, on doit s'avouer que l'ambiance claustrophobique est tout de même prenante et que l'envie de savoir ce qui va arriver aux personnages prend en fin de compte le dessus. Loin des comics les plus spectaculaires, Girls s'adresse davantage aux amateurs de récits basés sur la lente montée de l'angoisse et sur la qualité du suspense psychologique. Ceux-ci trouveront sans doute leur compte dans cette série si curieusement intimiste.
Pascal Patoz nooSFere 01/11/2006
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