Parce qu’elle a très mal vécu la rencontre avec des humains, (Tome 8 : Nature humaine) Nävis accepte une dangereuse mission d’infiltration. C’est en tant que pilote qu’elle se fait recruter après une série de tests musclés. Par exemple, pour mesurer ses capacités, le recruteur lui demande de se poser au sommet de la tour du commissariat central. Là, il tue le premier policier venu et intime à Nävis de tout faire pour éviter leur capture. Elle doit faire face à l’attaque d’un faux policier, d’une grenade psy, une bataille avec Kérhé-Dizzo, qui, en fait, réunit l’équipe. Intégrée, elle pilote le groupe d’alter universalistes vers un amas d’astéroïdes. Bien que la dangereuse Kérhé-Dizzo lui demande de rester à son poste, elle tient à savoir ce qui se trame. Elle découvre, ignorés de tous, des milliers de haïbokuchou-Ginau, des êtres aux capacités psychiques inégalées, maintenus par Sillage dans un état de drogués. Son bon cœur et son sens de la justice lui en font libérer trois pour aller demander des comptes au Magister de la Constituante. Mais n’est-elle pas en train de tomber dans un piège ? Pourquoi son supérieur lui avait-il donné fermement l’ordre d’arrêter la mission ? Ordre qu’elle a refusé !
Jean-David Morvan, dans cet épisode, se déchaîne et fait vivre à son héroïne, nombre d’actions musclées. Il s’appuye sur le fait qu’il n’est pas toujours bon de se fier aux apparences, qu’il ne faut pas prendre une situation comme telle, mais la relier à un ensemble pour pouvoir juger en toute sérénité de sa réalité. Il place ainsi Nävis en porte à faux vis-à-vis de Sillage. Cependant, celle-ci ira jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences pour son intégrité psychique. État parfaitement restitué par l’illustration de couverture où elle apparaît désespérée, avec une arme encore fumante face à une flaque de sang sur fond d’épaves. Simple question : comment les armes à rayons laser peuvent-elles encore fumer comme les bonnes vieilles pétoires à poudre ? Mais l’auteur intègre notre réalité et utilise, dans le cours de son récit, des événements terrestres comme une partie de l’affaire du Clemenceau. Au fil des albums, le ton et le fond du scénario évoluent, allant vers une dimension « plus adulte ».
Philippe Buchet garde la qualité d’illustration d’album en album. C’est toujours aussi beau et aussi réussi. La maîtrise du mouvement, l’art de transmettre le dynamisme des actions sont remarquables. On ne peut s’empêcher de chercher, au fil des pages, face à quel défi son scénariste l’a, cette fois, placé. Est-ce dans le dessin de navires en perdition ?
Sillage est une série dont la qualité graphique, les idées et leur exploitation en scénarii ne se démentent pas.
Serge Perraud nooSFere 31/10/2006
|