Plus que jamais, l’Islam et la « figure » historique de Mahomet, son prophète, sont d’actualité. Le Coran, les Sourates, les Hadîths forment un ensemble qui parait, pour le moins nébuleux, à la grande majorité des populations de l’Europe de L’Ouest. On a déjà bien du mal à s’y retrouver, en tant qu’héritier de la morale judéo-chrétienne, avec les différentes explications de l’Ancien et du Nouveau Testament. Alors, comment comprendre les diverses interprétations de la morale de Mahomet ? Frank Giroud en propose sa vision et sa version en construisant, avec Le Décalogue, une fresque romanesque époustouflante, à la réalisation innovante. De cette série phare, il extrait des éléments pour nourrir deux branches, Le Légataire, afin de donner un éclairage complémentaire sur le Prophète et son héritage, Les Fleury-Nadal, pour explorer, à travers les membres d’une même famille, la société du début du 19è siècle.
Le Songe de Médine commence quand Merwan comprend que Halid Riza, cet écrivain turque érudit, auteur de La Dernière Sourate, a dû trouver la solution et que ses conclusions doivent être en lieu sûr. Il se rend chez Gwen, la veuve de Simon. Celle-ci est torturée par le Tueur de la Clyde qui veut s’emparer des aquarelles pour faire ré ouvrir l’enquête et confondre « l’imposture » de Simon, dans un crime. Merwan intervient et sauve la jeune femme. Cependant, elle refuse de le suivre dans sa quête, mais veut bien l’aider. Sur Internet, ils trouvent le lien avec la carte à puces « léguée » par Riza à Merwan. Elle correspond à une banque zurichoise. Il échappe aux musulmans qui surveillent Gwen et, au terme du voyage, découvre dans un coffre bancaire des documents, des témoignages explicitant les derniers jours du prophète et les ultimes versets du Coran. Mais les équipes d’intégristes ne désarment pas…
Dans ce tome, Frank Giroud, outre le parcours mouvementé de ses héros, observe les positions prises par les premiers héritiers du prophète, ceux qui devaient sauvegarder ses paroles, sa morale, sa philosophie. Il démontre que, face aux nécessités politiques, la sauvegarde d’un message aussi vertueux soit-il, ne pèse pas lourd. Pour assurer la pérennité terrestre d’un Dieu, des hommes sont prêts à tout, même au pire. Mais ce qui est paradoxal, en fait, c’est la nécessité pour un Dieu, tout puissant par nature, d’être obligé de s’appuyer sur des créatures aussi imparfaites que l’Homme ! Pourquoi n’impose-t-il pas naturellement son règne ? Le Songe de Médine propose un récit vif, rythmé, bien structuré, ouvrant sur de nombreuses révélations qui amènent à se poser nombre de questions fondamentales. Pour mieux suivre la trace de Merwan, l’auteur conseille, à juste titre, de relire des tomes I, II et X du Décalogue.
Cette histoire est valorisée par la mise en scène de Joseph Béhé, secondé par Camille Meyer, et conforte l’excellente opinion qu’on pouvait avoir de la série avec la lecture du tome I, Le Rendez-vous de Glasgow.
Serge Perraud nooSFere 13/02/2007
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