Rome et sa tumultueuse histoire ont tout pour retenir l’attention des amateurs d’aventures et de fantastique. Son passé, son éclat, son aura et son attrait, qui restent presque intacts, (N’a-t-elle pas gardé son surnom de Ville éternelle ?) permettent à toutes les imaginations fertiles de s’enflammer et de concevoir des histoires presque aussi vraies que la vraie. En effet, que penseriez-vous d’un romancier qui, aujourd’hui, mettrait en scène, un père de cinq enfants qui ne recule devant aucun procédé, même pour le plus odieux, pour devenir pape et …qui le devient ? Ce roman entrerait dans la catégorie des élucubrations, des billevesées ou, au mieux, …en fantastique. Et pourtant !

     Luca est de retour à notre époque. Hospitalisé, il est accusé d’avoir commis deux meurtres en trois jours : la belle Francesca et Carlo le chauffeur de taxi. Mais le pauvre est bien en peine pour prouver son innocence. Comment convaincre un policier qui a des témoignages solides, qu’il n’y est pour rien, qu’il voyage dans le temps et qu’il est victime d’un complot multimillénaire ?
     Pendant son transfert à la prison, sous la férule de Rafaella, celle-ci, que ses sbires appellent La Louve, le fait évader. Mais elle l’endort d’une piqûre pour le renvoyer …dans une fontaine, en 1492, alors que le pape innocent VIII vient de mourir. Deux clans se disputent sa place. Celui de julien Della Rovere, soutenu par Naples et celui d’Astiano Sforza (auquel appartient Borgia) soutenu par Milan. Et Luca devient le professeur de latin de la divine Lucrèce, la fille du cardinal Rodrigue Borgia. Et dans ce cloaque politico religieux, les Fils de la Louve font monter la pression par la terreur…

     Patrick Weber met en scène toutes les grandes figures qui ont marqué l’histoire de Rome. Après César et Néron, c’est Borgia qu’il convie à rencontrer dans ses œuvres. Chaque volet de son scénario éclaire une étape importante de la vie de la cité. Il ne faut pas perdre de vue que Borgia, malgré sa dépravation et sa débauche, a été un des artisans de la renaissance de Rome.

Mais outre les données historiques d’importance, le scénariste sait introduire suffisamment de ressorts dramatiques pour insuffler une action tonique à son récit. Mais il distille les révélations sur son intrigue au compte-gouttes et, à la fin de ce troisième tome, il reste encore nombre d’interrogations à lever, sur les initiateurs du complot, sur les buts qu’ils poursuivent et sur le rôle du héros.

     Fernando Pasarin nous offre, avec un dessin réaliste, un passé extrêmement documenté. Il réussit particulièrement ses personnages qu’il place dans des décors très fouillés, très travaillés, d’une grande richesse. Un format plus grand mettrait en valeur la qualité de l’illustration.

     Une série qui mérite le succès tant elle est réussie !

Serge Perraud          
nooSFere          
10/09/2007