C’est Glénat qui avait entrepris de publier la saga de Storm, ce pilote qui se retrouve, à l’issue d’un voyage temporel, dans un univers qui développe des sociétés de type médiéval utilisant cependant des technologies du XXè siècle. Après quatorze albums, la publication s’arrête, bien que trois autres volumes soient déjà réalisés et publiés en néerlandais, en particulier dans la revue Eppo Wordt Vervolgd. Au total ce sont vingt-deux albums que dessinera Don Lawrence pour cette série initiée par Saul Dunn et continuée principalement sur des scénarii de Don Lawrence et Martin Lodewijk.
Storm fait partie de ces héros musclés, en vogue dans les années 70, qui sont accompagnés de gentes dames vêtues du strict minimum imposé dans l’univers de la BD grand public. Cependant si, à l’image des Conan et autres barbares, il fait usage de la force physique, les scénarii sont plus complexes que le simple « baston » et flirte avec nombre de problèmes sociétaux qui secouent les populations et abordent ceux qui sont en émergence.
Il faut donc saluer l’excellente initiative des Éditions Toth pour la reprise de l’édition, là où Glénat s’était arrêté. Les deux épisodes contenus dans le présent album, les 15 et 16 dans l’ordre chronologique, s’inscrivent dans le cycle des Chroniques de Pandarve, la planète vivante.
Storm, la belle Redhair et Nomad ont échappé aux Chiens de Marduk en avion, un engin que le héros maîtrise mal. Lorsqu’ils essaient de se poser, ils découvrent un océan de lave en fusion où l’atmosphère est irrespirable. Ils remontent dans les nuages, pour se retrouver aux prises avec une bande de Leprechaums qui entreprennent de démonter l’avion ! Storm, pour leur sauvegarde, négocie la recherche d’un œuf de Pandarve, objet que le groupe de nains est incapable de se procurer. Pendant que Nomad reste en otage, le couple de héros s’envole avec des deltaplanes… Ils se retrouvent sur La Salamandre, un navire des flammes, véritable ville flottante, qui chasse le ver des fournaises dont les glandes fournissent des épices d’une très grande valeur. Mais tout se paye sur ce monde et…
Vendal le destructeur met le héros aux prises avec un personnage incarnant le mal absolu. Celui-ci a été vaincu, enfermé dans une carapace destinée à le neutraliser et exilé à jamais dans un trou noir. Mais ce trou noir est complété par un trou blanc qui l’envoie dans un autre univers, en l’occurrence sur la planète où Storm partage la vie de pêcheurs. Ceux-ci veulent récupérer cette masse métallique, d’une grande valeur sur ce monde d’eau. Une mauvaise manipulation réactive Vendal…
Storm, c’est d’abord une inventivité dans les péripéties, dans la construction des histoires, dans le graphisme. Don Lawrence signe des décors fabuleux, offre des dessins travaillés avec minutie et réalisme, tant pour les belles plastiques que pour la laideur de certains intervenants. Tout est précis, détaillé. C’était d’ailleurs un des problèmes de l’auteur qui ne pouvait respecter des délais trop courts. L’ironie des scénarii, la multiplicité des références aux domaines de l’imaginaire ou du réel, tissent une tonalité singulière. On retrouve ainsi Pandarve qui se matérialise en Alice ou en une superbe Marilyne Monroe. Par opposition biblique, Storm doit trouver un œuf sur l’arbre de l’ignorance…
Le format de l’album, la texture des pages mettent en valeur les dessins et rendent une excellente lisibilité. Souhaitons que l’éditeur puisse mener son projet à son terme et pourquoi pas, rééditer dans ce format d’autres séries de Don Lawrence, un créateur à redécouvrir absolument !
Serge Perraud nooSFere 18/04/2007
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