La rediffusion par M6, pendant l'été, des épisodes de Kaamelott, est l'occasion de se pencher sur son adaptation en bande-dessinée. Généralement, ce genre de produit dérivé correspond souvent à une démarche mercantile, sans motivation artistique. Cependant, la présence d'Alexandre Astier au scénario, qui maîtrise jusqu'à présent l'univers de son « bébé » afin d'éviter qu'il ne lui échappe, est là pour nous rassurer.
Mais revenons un instant sur Kaamelott. Cette série télévisée prit la suite de Caméra Café en 2005 sur M6. Étant donné la nature de son sujet (la légende des Chevaliers de la Table Ronde, assez éloignée des attentes du grand public de la télévision à une heure de grande écoute) et la popularité du programme auquel il succédait, l'avenir de Kaamelott était plus qu'incertain. En outre, la volonté d'imposer des moyens conséquents (décors, costumes, armures...) à une série de sketches parodiques pouvait être interprétée comme relevant d'une certaine prétention. Pourtant, très vite, la rumeur fit son bonhomme de chemin : la qualité de l'écriture, des dialogues n'étant pas sans rappeler un certain Audiard, un humour évoquant les meilleurs albums d' Astérix, Louis de Funès ou les Monty Pyton, une maîtrise certaine des ressorts comiques (art de l'ellipse, de l'enchaînement, du décalage, du running gag, etc.), un univers cohérent peuplé de personnages récurrents tous affublés d'une personnalité propre, la fidélité à la légende arthurienne... Kaamelott finit par connaître un succès qui devait dépasser largement celui de Caméra Café, au point de s'étaler sur six saisons dont la dernière, tournée dans les décors de Cinecittà, affichait une ambition quasi-cinématographique, sans pourtant se départir de l'humour propre à la série.
Kaamelott, la BD, se veut complémentaire de la série TV, dans la mesure où il est possible de montrer, sur le papier, tout ce qui ne peut être tourné en « live » pour des raisons budgétaires, ou de censure. Et Alexandre Astier s'en donne à cœur joie en mettant en scène des zombis. Il accentue donc l'aspect « Donjons & Dragons » de sa création, qui rebuterait le public de la télévision mais parfaitement adapté au lectorat BD et confronte son groupe d'aventuriers à un nécromancien. Le résultat se veut divertissant, mais certainement moins drôle que la série TV car Kaamelott ne doit pas seulement à sa qualité d'écriture, mais aussi à sa qualité d'interprétation. En outre, bien que les dessins soient corrects, la représentation des acteurs n'est pas forcément très ressemblante.
L'Armée du Nécromant reste pourtant une bonne surprise, dans l'esprit de la série, tout en apportant un peu de dépaysement en nous faisant sortir des remparts de Kaamelott pour nous faire vivre l'une des aventures que les chevaliers d'Arthur se contentent, d'habitude, de relater autour de la Table Ronde.
Florent M. 31/07/2010
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