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À la fin de l’album précèdent, Capricorne l’astrologue, quitte celui qui l’a soigné, ayant réussi à lui faire dépasser ses traumatismes. Andreas avait joué, pour cet album, avec toutes les possibilités de l’horizontalité pour matérialiser l’état d’esprit et le huis clos des deux antagonistes.
Nous retrouvons le héros dans un univers totalement différent. Son errance l’a conduit dans une vaste espace de montagnes enneigées. Il chemine, mais sa progression est suivie par deux hommes. La nuit tombe et Capricorne trouve un refuge au bord d’un escarpement. Au matin, il repère des traces qui ne sont pas les siennes. Dans son sac, la bouteille d’alcool a disparu. Il suit les traces, des traces qui deviennent de plus en plus titubantes et finit par rejoindre un homme couché, terrassé par l’alcool. Il est alors encerclé par des individus. Capricorne démontre facilement qu’il n’est en rien un agresseur. Le groupe l’invite à le suivre, en silence, car tout bruit risque de déclancher une avalanche catastrophique. Au campement, alors qu’il se restaure avec le responsable de la communauté, un jouet vient le frapper à la joue. Il s’agit d’un biplan. Face aux questions muettes de l’astrologue, l’homme et les enfants l’amènent vers les débris d’un ballon. Comment est-il arrivé là. Que sont devenus les passagers ? Un homme observe la scène à la jumelle…
Une fois encore, il faut tirer son chapeau devant la capacité créative de cet auteur hors du commun. Il nous entraîne dans des décors époustouflants où il fait peser le silence et une sensation de froid. En effet, on a froid à « lire » cet album et de plus on est désarçonné. Finies les habitudes et la facilité car il n’y a pas un seul dialogue. Les seules bulles que l’on peut trouver sont celles produites par la respiration des personnages. Andreas nous oblige à modifier notre façon d’aborder un album. Ici, plus de présentation pré mâchée. Il a intégré tous les éléments, toutes les données, mais il faut faire l’effort d’une lecture graphique approfondie à laquelle nous ne sommes plus habitués. Il faut regarder toutes les vignettes avec précision, ne pas hésiter à revenir pour capter le détail négligé et qui clarifie l’action. De plus, il choisit un univers de neige, de blancheur et d’uniformité.
Utilisant tout son savoir-faire, toutes les possibilités de l’art graphique, Andreas nous offre un scénario qui prolonge, de façon mystérieuse, le parcours de son astrologue.
Cet album est un pari fou, mais un pari réussi ! Un album expérimental de plus, qui s’intègre cependant fort bien au sein d’une série exceptionnelle, sans en modifier ni la trame, ni l’esprit. Une merveille de plus à mettre à l’actif de Monsieur Andreas.
Serge Perraud nooSFere 06/11/2007
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