Ce troisième, et dernier volume, (hélas !) reprend quatre histoires signées par Yvan Delporte et parues entre avril 1992 et mai 1995. Utilisant la richesse du cadre élaboré pour les précédentes aventures, celui-ci va donner cours, sans limites, à sa fantaisie, imaginant des mondes merveilleux, des situations magiques et des péripéties à l’encan. Il nous régale avec une kyrielle de noms plus enchanteurs, colorés et féeriques les uns que les autres. Mais sous des dehors de comédie, de loufoquerie, le scénariste porte un regard critique sur la société de cette fin de siècle et se moque de nombre de travers.
La Traboule de la Géhenne : Alors qu’Hermès est préoccupé par la multiplication d’étranges faits divers, Isabelle rencontre Nico, un orphelin qu’elle invite à la maison. Pour lui éviter l’orphelinat, elle veut le ramener en Transylvanie, son pays d’origine. Elle sait qu’il existe des chemins magiques pour aller vite d’un point à l’autre. Aussi quand elle entend son oncle parler de la Traboule de la Géhenne ! Mais là, la situation est catastrophique…
Le Sortilège des Gâtines : Isabelle accompagne son oncle et sa tante au congrès de sorcellerie qui se déroule dans les Gâtines. Mais ce coin de campagne va devenir très agité. D’abord Nico et trois esprits débarquent. Puis la petite fille doit porter secours au Petit Monde féerique menacé par les membres d’une lamaserie qui, par leur méditation stérile, gomment le rêve, la nourriture des fées.
Le Grand Bonbon : le jardin de tante Ursule est envahi par des Korrigans Porte-Guignon. Hermès est contraint de solliciter l’aide de sa vielle camarade, Afrodith, la grande prêtresse au pays du vent. À peine arrivé, le petit groupe des héros est confronté aux adeptes de Grand Bonbon. Ce mouvement religieux dénonce, de façon musclée, la vanité des plaisirs matériels, (surtout l’abus des sucreries !) pour vénérer la douceur du dieu unique appelé Le Grand Bonbon.
Les Abraxas pernicieux : parce que les rêves de toute la famille concordent, Hermès craint une profanation du tombeau de Thot, son ancêtre, devenu Hermès chez les Grecs. Il décide de se rendre sur les lieux, sur l’île des Cinq Tribus. Mais celles-ci sont en lutte ouverte et utilisent, comme arme, des abraxas pernicieux, des petites pierres semi précieuses à l’effet dévastateur…
Dans ces albums, Will est au sommet de son art. Il continue à nous régaler de son trait rond, d’un univers digne des meilleurs dessins animés et donne des leçons de construction de planches. Il faut s’attarder sur les lignes de forces de celles-ci, apprécier les cadrages, les mouvements dans les vignettes et toute la fantaisie dans son sens le plus noble qu’il donne à ses créations. On peut également admirer la silhouette de Calendula, devenue par son mariage, la tante de la dynamique Isabelle. Avec la jolie sorcière, Will donne un avant-goût des planches, bien différentes, mais toujours aussi travaillées qu’il livre parallèlement (Trilogie avec dames, intégrale rééditée au Lombard) sur des scénarii de Stephen Desberg qui fait des infidélités à Tif et Tondu.
Isabelle donne la mesure de ce que peut-être une œuvre de qualité et démontre que la BD est un art à part entière.
Serge Perraud nooSFere 24/02/2008
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