La situation à Providence est devenue dramatique. La petite cité de pionniers vit des heures difficiles. Des monstres, mi-démons, mi-hommes, mi-chiens tuent tous ceux qui sont sur leur passage. Et cela commence à faire du monde. La peur s’est installée avec son cortège d’outrances et d’excès.
Le tome deux s’ouvre sur une chasse à l’homme menée par Dixon Deadwood, le chasseur engagé par le maire. Ironcloud, l’indien forgeron s’est enfui en compagnie de Cathy, une jeune femme venue de Boston, sous un prétexte plutôt tendancieux. Tout le monde est persuadé que l’indien est impliqué dans les événements. Pendant que la meute s’élance, Stuart, le shérif, à la recherche de Cathy, se rend dans la maison du vieux Spenser, le premier à mourir. Il trouve Ironcloud qui le neutralise, malgré sa blessure, et l’immobilise en lui expliquant que c’est pour lui sauver la vie. S’il était dehors, il mourrait. C’est Dixon et ses deux acolytes qui découvrent la jeune femme évanouie. Mais le petit groupe est immédiatement attaqué. Le chasseur ne s’en sort qu’en abandonnant à la fureur cannibale des monstres ses deux compagnons et leurs chevaux. Depuis la maison, Stuart assiste, impuissant, au massacre d’une partie des habitants formant une milice. Cathy, en proie à des cauchemars, se réveille. Elle est veillée par le shérif et Melvin l’écrivain. Quand elle est remise et …habillée « correctement », elle fait le point, avec Stuart, et cherche, à la bibliothèque municipale, des causes à la situation. Sous le questionnement de Stuart, elle dévoile sa réelle personnalité et ses motivations. Les monstres surgissent de partout, bloquent toutes les issues. Providence est devenue un piège, une nasse…
Il aura fallu presque trois ans pour qu’Éric Hérenguel livre ce second tome. Mais la patience est bien récompensée. Si, dans le volet précédent, l’histoire relatait surtout l’installation d’une ambiance de peur et d’angoisse par des événements relevant de l’horreur fantastique, le second apporte un volet ésotérique et maléfique inattendu. L’auteur renforce encore son intrigue, introduit de nouvelles dimensions horrifiques, donne une dynamique nouvelle à ses actions. Il dévoile des personnalités multiples, des liens cachés entre les antagonistes et multiplie les coups de théâtre, introduisant livres maudits et lieux sacrés. On pourrait craindre que cette accumulation de données et d’actions reste « gratuite » et sans liens entre elles. Mais l’auteur intègre le tout de façon cohérente grâce à un travail formidable sur les dialogues. Ceux-ci sont ciselés, sonnent juste. De plus, il introduit, avec mesure, mais à point nommé, des parties de contes de Charles Perrault, des vers de Baudelaire, des réflexions de Gitta Mallasz.
La grâce du dessin, la finesse des traits, du choix et de la gamme des couleurs renforcent le plaisir de la lecture.
Dieu par la racine, livre une conclusion à la hauteur des espérances suscitées par la qualité du premier volume. Il s’en suit un superbe diptyque à avoir absolument dans sa bédéthèque.
Serge Perraud nooSFere 15/05/2008
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