Deuxième et dernier volet du sombre space opera de Thierry Cailleteau et Denis Bajram. Syndrome Z n'a vraiment rien d'un album que l'on peut déguster sur le sable doré d'une plage ensoleillée. En effet, le scénario de Cailleteau est loin de faire preuve d'un optimisme forcené. Il serait cependant simpliste de dire que sans son complice habituel, Olivier Vatine, Cailleteau voit les choses en noir. Mais il est certain que l'on ne retrouve pas dans les deux tomes de Cryozone l'humour présent dans les aventures de Stan Pulsar ou dans certaines séquences d'Aquablue. Par contre, certains thèmes chers au scénariste sont bel et bien présents, à commencer par les conséquences des guerres économiques que se livrent les multinationales du futur (qui ne se souvient de la Texec dans la saga Aquablue) Les événements contés dans Cryozone tomes 1 et 2 découlent de la cupidité ou du simple réalisme économique de la société Cryotek. Cette dernière a développé un procédé de cryogénisation qui, en certaines circonstances exceptionnelles, peut se révéler très dangereux pour l'utilisateur puisqu'il le transforme en zombie. C'est ce qui est arrivé à bord du « Neil Alden Armstrong' », véritable arche de l'espace transportant dix milles colons terriens vers une planète étrangère. A bord du vaisseau transformé en fan-club des œuvres de George A. Romero, quelques 400 membres d'équipage ont échappé à ce mal terrifiant et luttent pour survivre. Ils ne savent pas que Vaclav Zdic, représentant de la société Cryotek, va tout faire pour effacer les traces de ce dysfonctionnement. Comme dans les films du cinéaste précité, il est fortement déconseillé de trop s'attacher aux personnages secondaires, ceux-ci ne faisant que passer et trépasser au fil des planches. Et, pour préserver le suspense et les rebondissements du scénario finement ciselé par Cailleteau, je ne citerai pas le nom des deux héros et seuls survivants de cette aventure (et il est interdit de regarder la quatrième de couverture !). Le générique de fin de cette superproduction ne saurait être complet sans les noms de Jean-Marc Mayer (lettrage) et de Nadine Thomas (couleurs). Nous n'oublierons pas non plus Christophe Bec, a joué les ghost artists en dessinant avec discrétion et efficacité quatre planches de cet album. Notons enfin qu'après cette incursion au plus profond de l'espace, Denis Bajram s'est lancé dans une autre aventure spatiale, Universal War One, dont il est tout à la fois le scénariste et le dessinateur pour Soleil (histoire pré-publiée dans les premiers numéros du mensuel Lanfeust Mag).
Philippe Paygnard Bifrost n°10 01/10/1998
|