Si vous ne connaissez Hokuto No Ken qu’à travers son adaptation animée (Ken le Survivant), Raoh vous est sûrement familier sous le nom de « Raoul » (sublime traduction française imputable à l’équipe de doublage). Ce personnage tout en muscles au physique de taureau nous est présenté dans la série comme étant le frère de Kenshirô, dont il est en réalité le frère d’arme et non de sang : il est « celui qui tue le père », l’enfant dont l’ambition démesurée l’écarte du titre d’héritier de la Grande Ourse. Après avoir occis le maître du Hokuto Shinken, son père adoptif, il choisit d’emprunter sa propre voie pour devenir Ken’ Oh (le « Roi du Poing ») et rétablir l’ordre au sein d’un monde plongé dans l’anarchie après la guerre atomique. De son point de vue, Kenshirô est trop faible pour accomplir cette tâche (ce qui n’est pas faux, du moins au début).
Lorsque la série régulière nous fait découvrir Raoh, son projet est déjà bien entamé : installé dans une tour, à la tête d’une véritable armée, il retient captifs des experts en arts martiaux auxquels il a soutiré leurs techniques secrètes. Tout d'abord imposé comme un être mauvais, dur et cruel, nous apprenons cependant par la suite que Raoh se contente de jouer son rôle et qu’il n’acceptera Kenshirô en tant qu’héritier du Hokuto Shinken que lorsque ce dernier l’aura surpassé, en lui prouvant ainsi qu’il est apte à ramener la paix sur la planète. La Légende de Raoh, à l’image du film récemment sorti en salles (L’Ère de Raoh), nous propose d’explorer les zones d’ombre de la vie du guerrier, une fois quitté le temple du Hokuto. Il s’agit donc d’un « spin-off » de la série régulière.
Première constatation : les dessins ne sont plus assurés par Tetsuo Hara mais par Youkow Osada (américanisation de « Yûkô Osada »), un choix surprenant car le style du mangaka relève d’un registre plus léger aux allures cartoonesques, presque comique par rapport au trait réaliste et sophistiqué de Hara ; pourtant, étrangement, cette approche graphique apporte une fraîcheur nouvelle à la série. Sur le fond, Le manga vaut également le coup d’œil, ne serait-ce que par curiosité, mais en gardant à l’esprit qu’il s’adresse avant tout aux fans de Hokuto No Ken : ceux qui s’interrogeaient sur la manière dont Raoh s’est emparé de la tour où il siège, sur la façon dont il a constitué son armée ou trouvé son cheval, Koku’ Oh, seront donc ravis. On appréciera également de voir ici développée la philosophie de Raoh, une mentalité selon laquelle la fin justifie les moyens.
Un détail d'importance : ce premier tome se conclue sur l’annonce d’un affrontement dantesque entre Raoh et un combattant à la technique parfaite bien connu des lecteurs du manga, un duel dont nous n’avons jamais eu connaissance auparavant et qui promet d’être spectaculaire...
Florent M. 06/11/2008
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