L'album débute avec une cérémonie d'incantation. Sous la férule d'un pape, un homme sacrifie une jeune fille, invoque le diable et... Puis l'action se déplace en septembre 1938, à Paris. Dans un atelier de rapin, un homme tente de raisonner son ami. Voici quatre ans que celui-ci s'est entiché d'une jeune femme. Ils n'ont passé qu'une nuit ensemble et elle a disparu. Depuis, Constant ne dessine et ne peint que cette Juliette. Pour l'aider, son ami lui « achète » ses peintures une forte somme et les fait prendre par un brocanteur. Mais Constant ne veut pas se dessaisir des portraits de son unique amour. C'est en allant récupérer ses toiles qu'il découvre une mauvaise reproduction des Bergers d'Arcadie, un des deux tableaux peints entre 1630 et 1640 par Nicolas Poussin, où figure ...le portrait de Juliette. Pour contrer un autre acquéreur, il se lance dans une enchère endiablée et propose une très grosse somme, la totalité de ce que lui a donné son ami. Il s'enfuit avec le tableau. L'autre amateur le suit, lui-même pisté par un homme. Ce dernier l'assassine dans l'ascenseur qui mène chez Constant. Le bruit fait sortir le jeune homme qui découvre le mourant. Celui-ci lui confie un papier portant un message sibyllin. Commence alors une course poursuite...
Mélange d'aventures, rappelant celles d'Arsène Lupin et d'Indiana Jones, et d'une bonne dose d'ésotérisme reliée aux mystères de Rennes-le-Château, le scénario est résolument tourné vers l'action. L'auteur revendique également, pour son héros, une filiation avec Tintin. Il intègre, en cette année 1938, la frange des nazis tournée vers la recherche de pouvoirs de toutes natures, même les plus farfelus. Mais L'Héritage du diable s'inspire essentiellement de la figure énigmatique de l'abbé Saunière, de l'énigme du financement des travaux somptuaires qu'il fit réaliser entre 1887 et 1909. Jérôme Félix, qui propose une gamme de personnages typiques de ce genre d'histoire, (Espions, traîtres, femmes fatales...) anime son groupe avec beaucoup de talent. Il donne à l'ensemble une cohérence agréable.
Paul Gastine aborde ici sa première BD en tant que professionnel. Elève de Jérôme Félix dans un atelier de BD à Blainville-sur-Orne, il a su garder, par rapport à sa création, une distance, rester simple, par exemple, dans le choix des angles de vues de ses vignettes. Le travail sur les personnages est intéressant. Il faut noter, car ce n'est pas souvent le cas, qu'il a stabilisé le physique des ses héros et que ceux-ci se « ressemblent » tout au long de l'album.
Avec Rennes-le-Château, les auteurs proposent une nouvelle vision du fabuleux mystère laissé par l'abbé Saunière, avec un ton résolument axé sur l'aventure. Le mélange des genres est réussi !
Serge Perraud nooSFere 13/04/2009
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