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Il existe un second train, lancé sur la planète gelée... Ses habitants vivent dans la terreur du choc frontal avec le premier Transperceneige qui erre au hasard, sur les mêmes rails, sans que l'on sache ce qu'il est advenu de ses éventuels survivants... Un monde clos d'où les humains s'évadent grâce à un virtuel de pacotille. Un espace confiné d'où seuls peuvent sortir les Arpenteurs, au péril de leur vie. Un univers rigidifié par un froid mortel où le mensonge règne en maître. | |
En 1984, Le Transperceneige — le premier, rebaptisé L'échappé à l'occasion de la sortie de ce second volume — a été un album profondément marquant, en raison de l'étrange poésie et de l'atmosphère oppressante qui se dégageaient de ce huis-clos hallucinant. Ce long voyage initiatique dans un train roulant sans but, sans autre raison que la nécessité d'avancer pour ne pas mourir, nous offrait une magnifique parabole sur la vie humaine.
Ce second tome est très fidèle à l'esprit du précédent volume. L'angoisse suinte de chaque page et la vie n'y est qu'un vaste mensonge. Une absurde ségrégation — basée comme d'habitude sur la richesse, le pouvoir et la connaissance —, oppose le "nord" et le "sud" du train. La dissimulation et la désinformation sont devenues un mode de vie, engendrant la peur et l'inquiétude. Pour pallier au malaise, des jeux imbéciles sont inventés, permettant de gagner un fade voyage virtuel, remède temporaire à l'ennui et l'anxiété. D'autres encore fuient dans une folie mystique ou s'imaginent à bord d'un vaisseau spatial...
Mais le train fou semble posséder un secret, jalousement gardé. Un secret qui remonte peut-être à cette fameuse nuit, il y a de nombreuses années, où le train a ralentit pour la première fois...
Cette tragédie lourde de sens permet ainsi de nouveau une remarquable réflexion sur la destinée de l'humanité, superbement mise en image par Rochette qui donne au froid et à l'angoisse une présence forte, quasiment palpable. Les personnages, éclairés par des lumières artificielles et étouffés par cet univers de fausseté, prennent une allure cadavérique, presque fantomatique.
On ressort de la lecture avec un certain malaise, car l'album est sombre et troublant, mais un malaise délicieux, car L'arpenteur est doté d'un scénario solide et d'un graphisme envoûtant.
Pascal Patoz nooSFere
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